lundi 27 juillet 2015

Nous sommes tous responsables

Chaque jour nous apporte une nouvelle liste de morts sur les routes de Mauritanie. Dans la majeure partie des cas, c’est l’excès de vitesse qui est mis en cause. Dans une moindre mesure, l’état vétuste des routes et du parc automobile.
Ces dernières semaines, la majeure partie des morts sont des adolescents. Les histoires se suivent et se ressemblent. «Notre fils est sorti de chez nous pour faire une course. On nous a appelé à l’Hôpital pour nous apprendre sa mort». En allant de chez lui, il avait pris la «petite» voiture et a ensuite récupéré quelques-uns de ses amis pour les inviter à une partie de rodéo motorisé. Ces rodéos, il faut le dire, ont pour scène les grandes avenues de Nouakchott, là où les autorités sont sensées surveiller les allées et venues. Sur l’avenue Moktar Ould Daddah, au Ksar, sur la portion de la route Nouakchott-Nouadhibou, sur la route de l’aéroport… partout où il y a un petit espace qui permet de lancer la voiture à toute vitesse et de faire des virages abrupts. Et c’est bien dans ces parcours qu’il y a des morts ces jours-ci.
La responsabilité de tous est engagée. D’abord des parents qui laissent faire leurs enfants, s’ils ne les aident pas. Ensuite des autorités qui ne font rien pour arrêter l’hécatombe. C’est ici le lieu de souligner la responsabilité du groupement de sécurité routière, corps entièrement dédié à la sécurisation des routes et qui semble avoir baissé les bras devant l’arrogance et l’inconscience générale.
Regardons un croisement de l’avenue Moktar Ould Daddah. Nous verrons quelques éléments du GGSR qui regardent ailleurs le plus souvent. Aucun souci quand on brûle le feu, aucun réaction quand on fait de la vitesse en pleine ville, même que le passage des voitures sans immatriculation et avec verres fumés ne fait plus réagir comme avant.
Quand on brûle un feu rouge, c’est qu’on refuse d’attendre 25 secondes pour laisser passer l’autre et accepter d’attendre son tour. Si derrière, un agent nous arrête et ne fait que nous perdre dix ou quinze minutes à nous contrôler, il nous aura fait comprendre qu’on vient de perdre dix à quinze minutes alors qu’on a refusé d’attendre 25 secondes !
Pour le bien de tous, les autorités doivent réagir vigoureusement et enclencher une campagne d’information et de sensibilisation. Aujourd’hui tous ces morts ne semblent émouvoir personne. Comme s’il était normal de laisser l’inconscience et l’irresponsabilité décimer notre jeunesse.

dimanche 26 juillet 2015

Fanfaronnades de Habré

«Abas l’impérialisme», «Abas le néocolonialisme», c’est par ces leitmotivs que l’ancien président tchadien, Hissène Habré a défié la Cour de Dakar qui le jugeait pour «crimes contre l’Humanité». Oubliant la solennité du moment, continuant jusqu’au bout à se moquer de son peuple qu’il a asservi pendant plusieurs années.
Auteur du coup d’Etat contre Goukouni Oueddei, il devient Président du Tchad le 7 juin 1982 et reste à la tête du pays jusqu’en décembre 1990. Il est alors chassé du pouvoir par la rébellion dirigée par Idriss Debby, l’actuel Président.
Les années de règne de Hissène Habré sont marquées par une répression violente et aveugle qui a touché quasiment l’ensemble des communautés tchadiennes. On chiffre à près de 40.000 les victimes de son régime. Il est aussi responsable de l’enlèvement de l’ethnologue française Françoise Claustre et de l’exécution du commandant Galopin, envoyé comme négociateur par la France au milieu des années 70. Ce qui n’en fait pas pour autant un ennemi de l’Occident, pas même «un soutien du terrorisme».
Quand il est mis en danger par la rébellion du Nord, fortement appuyés par la Libye, c’est la France et les Etats-Unis qui viennent à son secours. Il est cependant chassé le 1er décembre 1990 du pouvoir. C’est au cours des dernières années de son règne que les crimes les plus odieux sont commis. Près de 300 exécutions sommaires pendant ses derniers jours.
Ce sont aujourd’hui les victimes ou ayant-droits de victimes qui le poursuivent au nom de l’imprescriptibilité des crimes dont il est accusé (crime contre l’Humanité, crimes de guerre et actes de tortures). On raconte qu’il prenait plaisir à infliger lui-même les tortures les plus insupportables à ses ennemis.
Dans une ultime tentative de manipulation de l’opinion publique, Hissène Habré se présente comme victime de la raison du plus fort (l’Occident, ancien colonisateur). Comme à l’ancienne, il évoque le danger venu d’ailleurs pour justifier ses crimes, aujourd’hui pour refuser d’être jugé. Une logique de dictateur…
Dans les pays arabes, c’est le danger que représente Israël qui a été (qui est toujours) le prétexte pour imposer aux peuples la loi du silence, pour justifier le sac des ressources, la répression, le manque de libertés, le refus de la démocratie.
Dans les pays africains, c’est souvent la peur de l’Autre – groupe ethnique principalement – qui a été l’inspirateur des dictatures les plus abjectes. Une culture qui a été facteur déterminant dans les guerres civiles qui ont ravagé le continent.
Partout aujourd’hui, c’est la lutte contre le terrorisme qui sert de prétexte pour éviter la démocratie et pour limiter les libertés. Et aussi pour permettre de pomper impunément les ressources et dans le flou le plus absolu.

samedi 25 juillet 2015

Nouakchott, capitale africaine

Pour quelques jours, la capitale du pays accueille plusieurs chefs d’Etats et de gouvernements africains dans le cadre du sommet de la Muraille Verte et des assises de l’Assemblée générale et du Conseil d’administration de l’ASECNA. L’occasion pour le pays de raviver son flanc sud et d’aller un peu plus vers cette direction pour parfaire son ancrage.
Il est bon de voir que l’Agence africaine chargée de sécuriser la navigation aérienne s’intéresse enfin à la Mauritanie. Cela s’est traduit par l’inauguration de plusieurs réalisations de l’Agence.
Selon une dépêche de l’AMI, le ministre de l’équipement et des transports et le directeur général de l’ASECNA ont inauguré à Nouadhibou : un bloc technique et une tour de Contrôle dont la réalisation a coûté 1.838.535.148 Ouguiyas soit près de 2 milliards de FCFA, une station synoptique d'observation météorologique et de ses voies d'accès pour près de 411.612.347 Ouguiyas soit 300 millions FCFA.
A Nouakchott, les deux responsables ont procédé à l’inauguration des nouveaux bâtiments de la Centrale Electrique à hauteur de plus de1.264.067.243 Ouguiyas soit 2 milliards de FCFA et du Centre de Contrôle Régional (CCR) de l’Aéroport International OUMTOUNSY de Nouakchott pour plus 2.284.911.624 Ouguiyas. Ce CCR dont la construction du bâtiment est achevée sera entièrement équipé en matériels techniques de dernière génération et sa mise en service entrainera la sectorisation de l’espace géré par l’actuel centre de Nouakchott. La centrale quant à elle sera équipée de deux groupes électrogènes d’une puissance de 650 KVA chacun permettant d’assurer l’alimentation en énergie électrique de toute la zone technique du nouvel aéroport et l’ensemble des systèmes de communication, de surveillance concourant à la gestion du trafic dans l’espace aérien sous la responsabilité du centre de Nouakchott.
Enfin, le Directeur Général a procédé à l’inauguration d’un radar équipé de groupes électrogènes et d’un simulateur de contrôle pour un montant de 1 milliard 960 millions de FCFA. Le système permettra une visualisation du trafic évoluant dans l’UTA, d’où une amélioration de l’efficacité et de la sécurité de la gestion du trafic. Le radar fournit dans sa zone de couverture les positions des aéronefs équipés de transpondeur. En dehors de la portée radar, le système donnera des positions ADS des aéronefs connectés et des positions «plan de vol» de ceux qui ne le sont pas. 
Le communiqué rappelle que d’autres projets sont en cours en Mauritanie et devraient être réalisés dans les prochains mois. Il s’agit de : l’acquisition d’une station météorologique aéronautique pour le nouvel aéroport de Nouakchott pour plus de 450 millions FCFA ; l’acquisition de nouveaux moyens de communication HF pour plus de 400 millions FCFA ; l’acquisition d’aides à la navigation (ILS/DME et CVOR à Nouakchott, de CVOR solaires à Néma et Zouerate) pour un montant de 1 milliard 640 millions de FCFA; l’acquisition de nouveaux moyens de communication VHF pour plus de 400 millions FCFA pour la mise à niveau des stations déportées d’Atar, Bir Moghrein, Lemghayti et Tidjikja.
Le directeur général de l’ASECNA a salué «l’esprit révolutionnaire de la conception de cet aéroport qui au départ ne paraissait pas sérieux mais finira par devenir un exemple particulier. En effet, le contribuable et l’usager n’ont pas déboursé une ouguiya donc pas de consommation sur avance de l’Etat. L’Etat n’a pas fait payer les usagers avant les prestations». Reste à savoir si l’aéroport sera effectivement construit et mis en service dans les délais prévus.

vendredi 24 juillet 2015

Obama au Kenya, que des symboles !

D’abord le fils du pays qui y revient Président des Etats Unis d’Amérique. Tout un symbole du Monde qui s’annonce déjà. Celui qui ne connait pas les frontières et qui permet la réalisation de destins individuels extraordinaires. Digne d’un conte de fée.
Un fils d’immigré kenyan qui devient le Président de la première puissance mondiale, de quoi faire rêver tous les candidats au voyage vers les terres inconnues. De quoi accréditer l’idée d’une Amérique ouverte, accueillante, toujours prête à adopter, à offrir les clés du succès… La conclusion de ce conte : c’est un fils d’immigré venu d’Afrique et reparti pour l’Afrique qui devient le premier Président noir du pays.
On peut penser à l’immigré hongrois qui a donné un Président à la France (Nicolas Sarkozy), au syro-libanais qui en a donné un à l’Argentine (Carlos Menem) ou à l’Equateur (Abdalla Bucaram), au Premier ministre français actuel qui fut espagnol jusqu’à 30 ans, et plus proche de nous à Mamadou Tandia, ce mauritanien d’origine qui fut Président du Niger… le Monde de demain est sans frontières… nonobstant tous les remparts qu’on dresse ici et là pour empêcher le mouvement des populations.
C’est aussi le prix Nobel de la Paix qui rend visite au seul Président en exercice qui a comparu devant la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l’humanité. Uhuru Kenyatta, fils du premier président kenyan Jomo Kenyatta, a été poursuivi et mis en examen en 2012 par la CPI, à la suite des violences postélectorales de 2007. Entendu une première fois par la Cour, il revient en octobre 2014 pour un procès. Avant de se voir délivré quand la CPI abandonne les charges pour «faiblesse des preuves». C’est la Procureure, la gambienne Fatou Bensouda qui explique qu’elle ne peut «prouver, au-delà de tout doute raisonnable, la responsabilité criminelle présumée de M. Kenyatta», sans pour autant exclure «la possibilité de retenir de nouvelles charges contre lui».
Les violences vécues au Kenya ces dernières années, la proximité de la Somalie et l’implication des Etats-Unis qui sont une cible dans la région, donnent aussi un cachet particulier à cette visite. L’occasion pour le Président américain de commémorer les morts de l’Ambassade en 1998 et d’apporter un soutien à la lutte du gouvernement kenyan contre le terrorisme.

jeudi 23 juillet 2015

Pour améliorer la correction

Effectivement, la correction du baccalauréat – des examens en général – compromet sérieusement les résultats. Tout comme le système de surveillance et l’environnement en général.
Jusqu’au milieu des années 80, on pouvait imposer aux enseignants correcteurs de porter la correction des examens sur les tableaux des salles où le travail devait être fait, en détaillant le barème des notations. C’est ainsi qu’on pouvait assurer une certaine équité pour tous les candidats et en même temps éviter de faire payer aux élèves les carences de certains correcteurs. Car ceux-ci peuvent être incompétents ou inaptes à faires ces corrections. Comme ils peuvent être sous pression surtout depuis qu’ils sont payés au nombre de feuilles corrigées.
Les sujets sont choisis parmi une multitude de propositions faites par les enseignants des classes terminales (au primaire pour le concours, au secondaire pour le brevet et le baccalauréat). On doit arriver à obliger les auteurs des sujets retenus à donner les corrections détaillées avant de les polir par les plus aguerris de leurs collègues correcteurs. Et éviter ainsi les aléas dénoncés aujourd’hui par les élèves candidats.
Il est temps aussi de réformer le système de surveillance. Face à l’usage de moyens modernes, il faut certainement penser à utiliser des moyens de lutte tout aussi modernes pour limiter le recours à la triche. Installer par exemple des brouilleurs de réseaux dans les centres en plus du perfectionnement des fouilles corporelles. Sinon demander aux opérateurs de limiter sinon de couper le système internet pour les mobiles (GSM). En attendant de trouver la parade, instaurer un système de reconnaissance pour les enseignants-surveillants travaillant correctement et de sanction pour les défaillants. Moraliser le système pare la sanction et la récompense.
Il faut reconnaitre que les parents d’élèves, la société en général, jouent un rôle extraordinairement pervers dans les malversations décriées ici et là dans le déroulement des examens. En occupant les espaces où se déroulent les examens, en cherchant à corrompre tel ou tel enseignant, en poussant leurs enfants à croire qu’ils ne peuvent réussir que s’il y a malversation…

La triche comme phénomène est un mal social qui nous ronge depuis bien longtemps. Ce n’est pas par hasard si les concepts de gazra et de thieb-thib sont devenus des valeurs positives, des pratiques normales et même louables… c’est bien parce que la culture de la seyba est redevenue un fait social… le héros, c’est un peu le çou’louk des temps anciens… les qualités chevaleresques en moins.

mercredi 22 juillet 2015

En désespoir de cause

Deux textes de deux personnalités différentes, complètement différentes et pas seulement parce qu’il s’agit d’un homme et d’une femme. En fait la seule chose qui les unit est la détestation du régime actuel et de la personne qui l’incarne, le Président Mohamed Ould Abdel Aziz. Sinon, nos deux amis ne partagent rien d’autre en termes d’idées et de positionnements…
L’un et l’autre ont écrit cette semaine des textes dont la substance parvient à la même conclusion : «il n’y a rien à tirer de ce peuple, de sa jeunesse soumise, de son élite résignée…» Chacun des deux «révolutionnaires» est parti d’un fait pour faire une analyse et arriver à la même conclusion.
Les deux textes dégagent une violente et tragique désespérance qui sonne comme une démission. On a l’impression que les deux auteurs sont sur le point d’abandonner le combat à défaut de pouvoir le continuer par d’autres moyens. «La guerre est une continuation de la politique par d’autres moyens». Même ça…
Il y a eu d’abord ce refus de reconnaitre les résultats des élections de juillet 2009, pourtant co-organisées par les différents acteurs. Ensuite, le refus de reconnaitre le Pouvoir en place et les tergiversations qui ont suivi. Puis les appels au renversement de ce Pouvoir et à la «révolution». En quelques années, l’Opposition aura tout essayé, se plongeant chaque jour qui passe, dans les profondeurs abyssales d’un radicalisme qui l’aveuglait encore en lui faisant perdre d’apprécier les rapports de force et de voir la réalité en face.
Cette attitude est donc l’aboutissement d’un processus qui a poussé vers le radicalisme négatif… C’est bien de nous dire : «Soyez jusqu’à la fin en état de mécontentement, de vitupération, d’agression contre tout. L’homme qui arrive à trouver que tout est bien est un demi-mort» (Michel Onfray). Et c’est vrai.
Mais cela suppose une vision derrière, des propositions alternatives, des stratégies réfléchies, du courage, de l’abnégation, un sens du sacrifice, une bonne intelligence de soi et de son environnement, une foi en sa cause… Pas simplement de la haine et du rejet.
A lire nos amis, on croirait que c’est au peuple mauritanien qu’il va falloir reprocher les échecs et le manque de discernement. Alors que c’est l’élite opposante qui n’a pas conçu de futur à miroiter, elle qui a refusé quand il fallait accepter, elle qui a accepté quand il fallait refuser, elle qui a surenchéri alors qu’elle devait chercher le compromis, elle qui prêté le flanc quand elle devait attaquer de face, elle qui s’est précipité alors qu’il fallait réfléchir, elle qui a pris le temps quand il fallait faire vite…

Je comprends le dépit de mes amis après les visites «carnavalesques» - comme disent certains – du Président Ould Abdel Aziz dans les régions intérieures. Nulle trace ici de l’Opposition dont certains élus ont même participé à la fête. Faut-il pour autant verser son venin sur le peuple mauritanien ?

mardi 21 juillet 2015

La revanche des Perses

On peut dire : l’Occident triomphant vient de faire plier successivement les Grecs et les Perses, les dépositaires de vieilles civilisations qui ont participé richement à l’établissement de cette culture de l’universel qui est devenu la propriété de tous. La Mondialisation a enfin broyé les derniers bastions de résistance au cycle infernal de l’uniformisation.
On doit dire plutôt : l’Iran vient de prendre sa revanche sur tous ses ennemis, tous ceux qui se sont ligués, un jour ou l’autre, pour faire plier cette Nation millénaire lui doivent aujourd’hui respect et crainte.
Face aux Etats-Unis d’Amérique, la République Islamique d’Iran a tenu tout ce temps. Malgré l’embargo, malgré les menaces, les coups bas répétés, les complots, la mise au ban de la communauté internationale. En quelques trois décennies, l’Iran parvient ainsi à négocier son retour sur la scène internationale, avec la reconnaissance de ses ennemis d’hier.
Acteur incontournable de la stabilisation de la région du Moyen-Orient, l’Iran n’a pas eu besoin d’user de toute son énergie pour faire comprendre aux Américains, et à travers eux aux Occidentaux, que la voie du dialogue avec l’Iran était l’unique vois à suivre. Dès son accession à la présidence, Barack H. Obama l’avait déclaré haut et fort. Pas d’autre alternative que de discuter avec l’Iran. Dix ans de dialogue soutenu.
Téhéran est aujourd’hui la Mecque de tous les diplomates occidentaux. La course pour les marchés iraniens et pour les affaires en Iran est à son comble. Aucun des pays n’accepte de rester à la traine. Ce qui augure de belles perspectives pour ce pays.
Face à l’ensemble des pays de son environnement immédiat, l’Iran a aussi tenu. Face d’abord aux Arabes qui lui ont fait une guerre coûteuse pendant une quinzaine d’années. Les pays du Golf ont financé la guerre menée par l’Irak de Saddam Hussein contre l’Iran. Ils ont été appuyés par tous les membres de la Ligue Arabe.
Face ensuite à Israël qui a déployé tout son savoir-faire en termes de lobbying pour isoler l’Iran, l’encercler puis empêcher la conclusion de l’accord.
Ce n’est pas par hasard aujourd’hui que les seuls pays qui expriment clairement leur hostilité à l’accord sont Israël et les pays arabes. Pour une fois que le combat des régimes arabes et d’Israël est clairement le même. Que peut-on en conclure ?
La République Islamique d’Iran est aujourd’hui un pays démocratique où des élections régulières permettent une alternance pacifique au sommet du pouvoir, où le moteur du jeu politique est l’opposition entre le conservatisme inspiré par l’oligarchie religieuse et la Modernité (hadatha). Dans un environnement où des familles règnent sans partage, dilapident les ressources et ne sont même pas capables de défendre l’intégrité, l’honneur et l’autonomie de décision de leurs pays. Dans un environnement où les coups d’Etat sont la seule expression de l’alternance… De quoi faire détester ce pays et son système de gouvernement…
Aujourd’hui, la République Islamique d’Iran, son peuple et son gouvernement sont les seuls à se rappeler de cette cause que fut la Palestine, les seuls soutiens à la résistance à Israël… C’est à Téhéran qu’il faut chercher ce qui reste de la belle époque révolutionnaire anti-impérialiste et anticolonialiste. Pas ailleurs. Une raison de plus de haïr l’Iran… parce qu’elle est une objection de conscience à ceux qui ont baissé les bras, ceux qui ont accepté de se rendre… 

lundi 20 juillet 2015

La danse de Tsipras le grecque

«J’ai signé un accord auquel je ne crois pas»… un aveu formulé par le Premier ministre grecque Alexis Tsipras qui s’aplatit ainsi après avoir obligé ses compatriotes à croire, mais aussi tous ceux qui ont espéré voir dans sa résistance la fin de l’hégémonie incontestable de la finance internationale. Il aura tout essayé. Jusque les contorsions les plus spectaculaires et les plus ingénieuses. A l’image de la consultation du peuple grec qui fut son déhanchement le plus beau et le plus applaudi. On ne peut que saluer le retour de la démocratie – le retour vers la démocratie – dans le pays qui a vu naitre ce concept de gouvernement. Mais c’était oublier que la force que lui donnait ainsi son peuple ne représentait rien face au diktat international…
En 1946, Nikos Kazantzakis, un écrivain avant-gardiste, publiait un roman intitulé Alexis Zorbas. Adapté au cinéma dans les années 60, il devient le film culte Zorba le grecque. L’œuvre met enscène deux personnalités qui se situent à l’opposé l’une de l’autre : un écrivain venu du Royaume Uni pour recouvrer un héritage et un Grec flamboyant. Basil et Zorba s’opposent tout en restant ensemble. La trame est celle-là : l’insouciante désinvolture du Grec qui semble incarner une culture bien ancrée qui s’écrase contre la solide froideur du Britannique.
L’artiste et philosophe Zorba vit pleinement ses émotions, les exprimant avec une spontanéité toute humaine. Basil, quant à lui, joue la fourmi regardant amusée la cigale chanter tout l’été et attendant le moment de vérité. Zorba se gausse de ses propres entreprises qu’il entame et conclue naturellement mal. Basil, face à ce qui prenait parfois les allures d’une douce folie, restait impassible : la réalité finira par rappeler le Grec à la Raison…
Les Grecs ont bouffé tout ce qu’il leur restait de crédit. Leurs créanciers, froids, les ont laissé emprunter, les poussant même à emprunter. Le jour des comptes est inexorablement arrivé. Rien ne pouvait éviter à la Grèce de passer sous les fourches caudines de ses créanciers. Pas même les intermèdes de l’artiste, Tsipras le grec.
Quand, au milieu des années 80, les institutions financières internationales imposaient à la Mauritanie la cure de l’ajustement structurel, le concept avait été vendu comme la seule possibilité pour le pays de sortir du marasme en accédant aux financements extérieurs. Au début des années 90, on se retrouvait avec un pays qui quittait l’ensemble des pays en voie de développement pour celui des pays les moins avancés, puis, quelques années plus tard, à celui des pays pauvres pour enfin arriver au milieu des années 2000 à la catégorie des pays pauvres très endettés. De programme en programme, de cure d’austérité en cure d’austérité, le pays s’appauvrissait et perdait l’envie de se battre pour s’en sortir. La psychologie ambiante est celle-là : on ne peut sortir de ce cercle vicieux qui est finalement destiné à faite plier toutes les cultures, toutes les économies, autant donc se laisser avoir…
En Mauritanie comme en Grèce le diktat internationale a été rendu possible par l’irresponsabilité des élites qui ont choisi la démission face aux partenaires devenus propriétaires. Si l’un et l’autre des pays ont fini sous la coupe, c’est que la gestion des affaires y a été catastrophique. En Mauritanie, si les programmes ont échoué obligeant le pays à toujours faire de nouvelles concessions, c’est parce que des fonctionnaires sont devenus de grands propriétaires, parce que les voitures rutilantes ont occupé l’espace public qui devait abriter parcs et champs, parce que les hauts responsables passent leurs vacances en Europe, en Amérique… parce que les possibilités financières ont été pillées par une minorité qui avait en charge la mise en œuvre des programmes. C’est le pays tout entier, le peuple tout entier qui paye pour l’avidité et l’inconscience de certains.

On finit toujours par payer… 

jeudi 2 juillet 2015

Il faut sauver la saison de Kanawal (de l’Adrar)

Kanawal, un quartier à l’entrée sud de la belle ville d’Atar. Un quartier qui a son histoire qui pèse dans la somme de l’Histoire de la région de l’Adrar. Un quartier qui a son caractère : festif, ouvert, cosmopolite mais aussi laborieux et organisé.
C’est naturellement dans ses grands espaces publics que s’organisent les veillées autour d’une partie de pétanque, d’un med’h, d’une soirée folklorique… C’est ici aussi que s’organisent les grands tournois à l’occasion de la guetna, ce festival des dattes qui est l’occasion de célébrer la culture oasienne très profonde. Ici, la guetna est d’une ampleur et d’une couleur qu’on ne lui connait nulle part ailleurs. Kanawal devient un point de convergence où une partie du pays se retrouve le temps d’une célébration…
Cette année, le mawsim de Kanawal risque d’être privée de l’une de ses manifestations majeures : le tir à la cible. L’organisation qui la prend en charge est traversée par une profonde crise de leadership.
La justice, comme à son habitude, a ajouté à la confusion dans ses décisions en faveur de l’une ou l’autre des parties prenantes dans un conflit qui a fini par prendre les allures d’un mauvais scénario et d’un tout aussi mauvais jeu de rôles. Du coup, deux directoires pour l’union nationale du tir à la cible. L’exercice qui s’est transformé en sport noble ces dernières années, est devenu l’objet d’enjeux financiers considérables. D’où la lutte acharnée autour de son leadership.
Devant cette confusion, le ministère de la culture, ministère de tutelle, n’a pas trouvé mieux que de demander la suspension des activités de l’union. Il suffisait pour cela d’arrêter l’approvisionnement en munitions dont la traite est la première source de revenus de l’activité. Avec l’arrêt de l’activité, c’est tout un pan du festival (mawsim) de Kanawal qui se trouve en danger.
En effet depuis près de deux décennies, des concours de tir étaient organisés pendant ce festival. Ce qui drainait des activités économiques dont profitaient d’abord les populations laborieuses de l’Adrar. En plus des échanges sociaux et humains qui participaient à alléger la souffrance de ces populations confrontées au dur labeur de la culture oasienne qui est d’abord marqué par la carence de l’eau notamment et par l’hostilité du climat avec les chaleurs excessives.
Cette année, la guetna a été visiblement mauvaise, les problèmes d’approvisionnement en eau potable se posent encore et la culture maraichère a été à son plus bas niveau. La saison du festival était donc plus attendue que par les années passées. Perçus comme un moment d’exceptionnelle abondance, les quelques jours d’activités sportives et culturelles qui animaient la ville d’Atar permettaient à des commerces de prospérer l’espace d’un temps certes court, mais intense. L’absence du concours de la cible cette année remet en cause ce fil d’espoir, cette soupape qui permettait de faire passer un souffle d’oxygène.
Les étrangers ont tué la région en la déclarant zone rouge. Les caprices du climat ont eu raison de la légendaire endurance des habitants d’une région longtemps habitués à vivre de la sueur de leurs fronts – ils sont les seuls dans l’espace Bidhane à faire du travail une valeur. Il ne faut pas qu’une décision rapidement prise prive ces populations et cet espace d’une aubaine qui peut paraitre peu mais qui est beaucoup dans un environnement fait de rareté.
Le règlement des contentieux autour du leadership ne peut pas bloquer les compétitions prévues pour ce mawsim de guetna en Adrar. Parce qu’il va prendre du temps, parce qu’il exige une réelle prise de conscience des autorités et des pratiquants autour des véritables enjeux financiers et sécuritaires (surtout) du tir à la cible.

La décision prise par les autorités n’a pas pris en compte le sentiment de dizaines de pratiquants de ce sport. Elle a ignoré aussi l’intérêt des populations locales pour ce qui est devenu un grand moment social, culturel et économique pour des régions où le tir à la cible est une activité traditionnelle.

mercredi 1 juillet 2015

Le calvaire des prédicateurs

Vous avez certainement lu cette information concernant des groupes de prédicateurs mauritaniens refoulés du Sénégal ou d’ailleurs, sans donner les véritables raisons de ces refoulements. Il est très probable – et même certain dans des cas – que la raison principale est l’absence d’une démarche officielle de la part du ministère des affaires islamiques vers les pays devant recevoir les nôtres. En réalité, le département est englué, depuis des décennies, dans une atmosphère de malversations, de magouilles qui font surface de temps en temps mais qui n’ont jamais été traitées sérieusement. Les ministres qui se succèdent sont rapidement pris en otage par les groupes organisés en maffias et sont obligés de s’aligner et d’accepter l’ordre des choses.
Comme chaque année, le ministère envoie des groupes de prédicateurs à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Une manière de canaliser la prédication et de la contrôler, mais aussi d’entretenir un rôle de diffuseur de la bonne parole dans les espaces influencés par le rayonnement de la culture mauritanienne et de ses érudits.
Le jeune ministre Ould Ehl Daoud a voulu imposer des règles transparentes cette année. Il a institué un concours pour sélectionner les érudits devant faire campagne pendant ce ramadan. Quarante personnes environ ont réussi à passer le cap. Mais finalement, le groupe dépassera la centaine parce que beaucoup d’autres individus y ont été ajoutés pour faire plaisir ici et rendre service là.
Le ministère a promis de mettre les moyens et de déployer le dispositif adéquat pour permettre aux érudits de prêcher la bonne parole là où ils iront. Un groupe de douze a été envoyé en Côte d’Ivoire. Avant leur départ, on leur a donné un per dium de 700 euros chacun. On leur a dit officiellement qu’ils seront reçus par l’Ambassadeur à Abidjan et le chef de la communauté mobilisée à cet effet. Les services concernés du ministère ont rassuré les membres de la délégation sur le dispositif déployé pour leur permettre un bon et fructueux séjour.
A l’arrivée le 19 juin dernier, le groupe a dû attendre un bon moment à l’aéroport avant de rencontrer le représentant de l’Ambassade qui avait juste son véhicule. Il a fallu donc prendre des taxis pour se rendre dans les lieux de résidence prévus. Les douze allaient se retrouver le lendemain dans un hangar autour du Chargé d’affaires. On était dimanche et il fallut attendre lundi pour être reçu par l’Ambassadeur.
Très affable mais visiblement impuissant, l’Ambassadeur expliqua que le ministère n’a rien fait de ce qu’il lui avait demandé de faire. D’abord, la démarche officielle consistant à avertir le Conseil ivoirien des Ulémas n’a jamais été faite. Ensuite, la Communauté mauritanienne a exprimé son refus catégorique de recevoir une telle mission. Enfin l’Ambassade avait dit qu’elle ne peut assurer que le logement pour six érudits. Tout cela a été ignoré par le ministère qui a envoyé récemment un message annonçant l’arrivée de la mission, sans plus.
L’ambassadeur a ensuite conseillé aux érudits de ne rien entreprendre dans un pays qui appartient à une zone sous menace de groupes radicaux, où donc la suspicion est grande si on n’a pas l’aval du conseil général des Ulémas locaux.
Les érudits ont dû se débrouiller. Deux ou trois étaient venus pour passer des examens médicaux. Ceux-là s’installèrent chez des parents établis à Abidjan. D’autres ont choisi de prendre le chemin du retour soit par route en passant par le Mali avec tous les risques que cela comporte, soit par avion par la route de Dakar. Les billets retour ayant réservés sur Mauritanie Airlines International (MAI) dont les lignes ne seront assurées à partir d’Abidjan qu’à partir de la mi-juillet. C’est donc sur leurs propres comptes que les érudits ayant regagné le pays l’ont fait.
Au total, 110 érudits environ ont été envoyés en Afrique, dans le Monde arabe, en Europe et en Amérique. En moyenne près de mille euros ont été affectés à chacun des voyageurs en plus des frais de voyage. C’est un pactole considérable pour une mission qui a été largement déviée de son objectif initial. Alors ? cela mérite un tour de l’Inspection générale d’Etat.