mercredi 5 décembre 2012

Bravo Alakhbar.info !

Notre confrère Alakhbar.info vient de lancer son projet d’édition de mémoires et témoignages d’hommes politiques et d’acteurs de la vie nationale. C’est avec les mémoires de l’ancien colonel Mohamed Khouna Ould Haidalla, ancien président du Comité militaire de salut national (CMSN) que l’agence alakhbar.info commence son entreprise. Ce qui s’explique, selon la préface du livre parue en Arabe, par l’intérêt que suscite l’homme pour la période qu’il a passé à la tête de l’Etat, environ quatre ans, alors que ses deux prédécesseurs militaires n’ont pas accumulé un an et demi à eux deux. Ce qui en fait «le deuxième Président» après Mokhtar Ould Daddah, selon cette lecture.
Les avis sont partagés selon l’éditeur sur le régime de Ould Haidalla. Entre ceux qui pensent qu’il a été l’homme des décisions «courageuses et fondamentales» (loi domaniale, interdiction de l’esclavage, la pêche…), et ceux qui croient qu’il s’agit d’un régime dictatorial, policier qui a posé les fondements de ce qui allait suivre…
L’ancien président s’est plusieurs fois proposé pour aller à la conquête du pouvoir. En 2003, il a été le candidat d’une grande coalition comprenant les Islamistes, sous prétexte qu’il était le plus indiqué des candidats pour faire face au régime de Ould Taya et pour refuser le diktat de celui-ci. On connait la suite : l’emprisonnement du candidat et de ses principaux soutiens, les 18% des voix (la deuxième place quand même), et l’éclatement de la coalition qui était autour de lui…
…J’ai reçu pour ma part une copie du livre. J’ai cherché dans la table à matière l’épisode du 16 mars sur lequel je voulais entendre l’ancien président. Page 123 et suivantes. J’ai été atterré. Aucune information digne d’être au niveau du scoop ou même de l’éclairage. Aucune révélation. L’on apprend que le colonel Kader serait parti pour avoir soupçonné le pouvoir de vouloir le liquider, ce qui, selon Ould Haidalla était faux. Pour dire qu’il s’agit d’un complot fomenté à partir de l’extérieur et nier toute dérive de son pouvoir pour dire  que les raisons de ses détracteurs étaient tout à fait personnelles. Que ce soit Mohamed Ould Cheikh Ould Jiddou qui aurait eu des démêlées avec la douane, Abderrahmane Ould Moyne qui devait aller à la retraite, Moustapha Ould Abdeiderrahmane qui était à la SOCOGIM, Haba Ould Mohamed Val… tous avaient, selon Ould Haidalla, des ressentiments personnels pour s’opposer à lui. Reste à savoir ce qu’en pensent ceux qui vivent parmi les hommes qu’il a cité… Une remarque avant d’en finie et en attendant que je lise le livre «du Palais à la prison», le narrateur n’évoque jamais les morts en invoquant les formules consacrées (rahmatu Allahi ‘alayhum), ne semble rien regretter de l’époque…
Pour revenir à l’édition, c’est une excellente idée que de créer une édition sous l’intitulé «c’est mon expérience» où l’éditeur prend en charge les déclarations de l’auteur pour les arranger et les présenter sous forme de livre. Une sorte de «shahidoun ‘ala el ‘açr» (témoin de son temps).
Il est à rappeler cependant que les témoignages et les mémoires de chez nous proposent un rapport «insolite» avec l’Histoire qui est soit remaniée soit ruminée… Faire attention à cela.