vendredi 16 décembre 2011

L’Opposition s’en va en guerre


Les partis de la Coordination de l’Opposition démocratique (COD) ayant refusé de prendre part au dialogue, ces partis ont organisé un grand meeting jeudi aux abords de la grande mosquée de Nouakchott (El ‘atiiq). «Meeting du ras-le-bol», il est, selon les leaders de la COD, le point de départ d’une série de manifestations qui déborderont vers une expression de ce «ras-le-bol» de «plus en plus anormale». Autrement dit, la COD chercherait dans les jours à venir à créer une tension par des «escarmouches» entre manifestants et forces de l’ordre. Selon toujours les milieux de la COD, ces «escarmouches» prendraient la forme de manifestations non autorisées, de «caillassages» de bâtiments officiels, et même de leur contrôle par des manifestants déterminés… un peu à la manière des Tunisiens, Egyptiens, Syriens ou Yéménites. L’objectif étant d’installer une atmosphère guerrière à même de favoriser l’instabilité du régime et probablement sa chute. On n’espère plus que cela au sein de la COD.
Les discours de plus en plus guerriers des leaders en disent long sut l’état d’esprit qui prévaut au sein de la classe politique opposante. On en est arrivé à souhaiter un changement de régime au plus vite, à n’importe quel prix, peu importe la manière.
Soit par coup d’Etat. Ce qui explique les derniers appels du pied à l’Armée que quelques-uns des leaders «caressent dans le sens du poil». Tantôt en lui disant que «si Ould Abdel Aziz a peur d’elle, à l’opposition, on attend beaucoup d’elle». Tantôt en l’appelant carrément à «prendre ses responsabilités» à un moment que l’on qualifie de «crise multiforme» et de «moment de blocage». Le salut ne venant plus que de là.
Mais c’est visiblement l’option du soulèvement populaire qui est maintenant envisagée dans les milieux de la COD.
Selon certaines sources, les Islamistes seraient le principal moteur d’une telle option. Ils auraient été encouragés par les exemples d’ailleurs. D’autres sources nous disent que ce sont plutôt les nouveaux arrivants, notamment les dissidents de l’Alliance populaire progressiste (APP de Messaoud Ould Boulkheir) qui pousseraient vers cette voie.
Quoi qu’il en soit, une question reste posée : à qui profitera un éventuel – et hypothétique – changement de régime, que ce soit par coup d’Etat ou à la suite d’un soulèvement populaire ?
Les acteurs qui sont en présence ont assisté, au moins à la tentative de juin 2003 qui a laissé le pouvoir dans la rue, sans aucune couverture ni défense. Nous avons vu comment ils sont restés terrés comme tous les autres mauritaniens (du soutien du régime visé à ses ennemis). Le 3 août 2005, le 6 août… ils étaient là sans profiter des changements pour imposer des points de vue, des visions. Le discours sur le retrait de l’Armée, sur les grandes réformes «nécessaire», «garantissant la démocratie», c’est à des moments pareils qu’il fallait le tenir. Pas six ans après, pas trois ans après…
Comment se fait-il que l’on puisse, pour améliorer les conditions de vie des gens, compter seulement sur une forte déstabilisation d’un pays que l’on juge par ailleurs «dans le gouffre» (pas au bord du gouffre) ? La haine et le rejet du régime doivent-ils tant aveugler ?
La politique est l’art du possible, comme l’on dit. Il est vrai qu’en refusant le dialogue comme cadre de raffermissement de la démocratie et comme possibilité d’acquisition de quelques réformes essentielles, il ne restait plus à cette opposition-là que l’option de la rue. C’est une logique qu’il n’est pas aisé d’assumer ni de réussir. Il est facile de s'enfermer dans des logiques stériles qui ne mènent nulle part...
Que Dieu préserve le pays de tout et de tous.