lundi 18 mai 2015

Pour une paix durable

Solennelle, la signature l’accord de paix entre le gouvernement malien et les rebelles du Nord. La présence de la supervision de la communauté internationale empêchera-t-elle cet accord de finir comme les précédents ?
Tous les cycles de rébellion dans le Nord malien ont fini par des cessez-le-feu puis des accords politiques qu’on croyait à même de stabiliser le Mali et la région du Sahel qui ne peut que souffrir de l’instabilité de ce pays charnière.
Avec toujours le même souci de répondre à quelques-unes des exigences des groupes rebelles dans le but de satisfaire les exigences qu’on reconnait légitimes en général. Experts et diplomates sont à chaque fois appelés à la rescousse pour éteindre le feu en essayant de répondre à une partie des problématiques. Aujourd’hui, l’accord paraphé à Alger par l’ensemble des acteurs mais signé à Bamako par seulement une partie d’entre eux (sans les rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad), reconnait deux choses essentielles : l’intangibilité des frontières du Mali et la nécessité de reconnaitre des droits aux populations des régions du Septentrional malien.
La reconnaissance solennelle de ces deux principes permet tout si toutes les parties se rendent à l’évidence. Du côté de la rébellion il est temps de savoir qu’aucun pays au monde et surtout pas dans l’environnement du Mali n’acceptera de revenir sur le principe de l’intangibilité des frontières. Reconnaitre aux Touaregs ou aux Arabes (Maures), ou encore aux Peulhs du Nord du Mali une once de souveraineté, c’est mettre en péril les fragiles équilibres qui existent dans les pays voisins et du coup risquer de bouleverser les cartes et les frontières. Qui peut le permettre ?   
Du côté du pouvoir central malien, le temps d’engager un processus profond de réconciliation nationale, ce temps est arrivé. Pour ce faire il va falloir arrêter avec les approches politiciennes adoptées jusque-là. La recherche constante à instrumentaliser les groupes du Nord, soit pour calmer une situation, soit pour la provoquer, soit pour diriger les groupes les uns contre les autres.
L’expérience catastrophique de la gestion de ce dossier sous l’ère Amadou Toumani Touré doit servir aux dirigeants actuels. Voilà un Président – un pouvoir – qui a laissé faire dans une partie de son territoire. Allant jusqu’à jouer le jeu des trafiquants et des terroristes. Leur servant de protecteur, parfois de receleur, de conseiller, de soutien et toujours d’intermédiaire. C’est bien cette politique catastrophique qui a fait du Mali un sanctuaire des groupes terroristes de la zoné sahélo-saharienne (mais maghrébine). Ce n’est pas par hasard si tous les combattants d’Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI) ont fini par faire du Nord malien un Jihdistan accueillant ceux de Boko Haram et autres groupes jihadistes de Libye. C’est bien le choix d’un gouvernement qui a fait de cette région une zone de non-droit. Première exigence pour le Mali : recouvrer l’entière souveraineté sur l’ensemble de ces régions.
Parce qu’elles sont encore infestées par les groupes jihadistes, il est juste que le Mali bénéficie d’un soutien actif et réel des pays engagés dans la guerre contre le terrorisme. Mais très tôt, l’Armée malienne doit pouvoir par elle-même imposer son autorité partout sur le territoire malien. Une manière pour elle de faire oublier les revers de la dernière décennie.
Deuxième défi pour le gouvernement d’Ibrahim Boubacar Keita : rétablir la confiance entre le gouvernement central et les populations locales. Il s’agit d’aller au-delà des représentants de circonstance pour parler à ces populations, pour interpeller en elle la soif naturelle pour le bien-être et la sécurité et leur démontrer sur le terrain que l’Etat malien est désormais engagé à leurs côtés pour leur assurer justement paix et bien-être.
Troisième défi : mettre en confiance et en synergie les peuples et Etats voisins du Mali. Aucun des pays du champ ne peut être tranquille en sachant que le danger est encore là. Les menaces d’instabilité sont venues du Mali, que ce soit en Algérie, en Mauritanie, au Niger, au Sénégal, en Guinée ou… ou… Le Mali a constitué – constitue encore – une source d’inquiétudes pour ses voisins. Le besoin de le voir saisir l’opportunité de cette sympathie internationale largement exprimée lors de la cérémonie de signature des accords, ce besoin est très fort. C’est à la diplomatie malienne d’éviter les incompréhensions avec les voisins et les querelles inutiles.

Pour sa part la communauté internationale, toute la communauté internationale, doit cesser d’encourager les rébellions. Si les gens du Nord ne comprennent pas le message, il va falloir le leur faire comprendre par la fermeté vis-à-vis de leurs velléités répétées de travailler pour la partition du Mali. Aucun prétexte ne peut justifier cette partition.