mardi 16 juillet 2013

«C’était seulement un jeune black qui rentrait chez lui à pied…»

Et pour continuer la citation : «…, pas armé, et il a été tué parce qu’un homme blanc a eu peur». C’est ainsi qu’un manifestant résumait l’affaire qui secoue l’opinion publique américaine…
Tout commence le 26 février 2012 quand un adolescent de 17 ans est pris pour cible par un vigile de 29 ans. Le jeune était afro-américain et s’appelait Trayvon Martin. Il venait de s’acheter des friandises (bonbons) d’un magasin et en sortait, rabattant sur sa tête la capuche de son blouson. Quand il fut interpellé par un vigile, George Zimmerman qui passait par là et qui avait suspecté le jeune de délinquance. L’altercation finit dans le sang parce que le vigile n’hésite pas à tirer sur l’adolescent. Sa défense arguera qu’il était en légitime défense.
L’acte avait été immédiatement assimilé à un meurtre. Il ne laissa personne indifférent. Même le Président Barack Obama dut commenter sévèrement l’acte : nous étions à la veille de la présidentielle et il fallait au premier président afro-américain ne pas s’aliéner la communauté à laquelle il est supposé appartenir. Il avait alors dit que s’il avait un fils, «il ressemblerait à Trayvon».
L’acte intervenait après plusieurs tueries qui avaient traumatisé l’Amérique sans la convaincre de mettre en œuvre une législation à même de limiter le port d’armes. C’est dire combien était attendu le verdict du procès du vigile qui a finalement été acquitté par un jury populaire composé de femmes, toutes blanches selon certains commentateurs. Aux Etats-Unis, c’est l’incompréhension et la colère qui motivent les milliers de manifestants qui sont quand même restés calmes.
«Nous ne sommes malheureusement pas surpris par ce verdict, nous vivons dans un système où la violence et la sécurité se confondent, où des Américains estiment qu’être en sécurité signifie sortir son arme et tirer en premier». Depuis l’enquête de la police, on a jugé bonne la version de George Zimmerman selon lequel il a été agressé par l’adolescent. Au nom de la loi «Stand your ground» qui autorise l’usage d’une arme à feu dès qu’on sent sa vie mise en danger chez soi ou dans un bar.
Le procès qui s’est ouvert le 24 juin n’a même pas été l’occasion de dénoncer le délit de faciès, encore moins le racisme qui conduit à des méprises pareilles.
La colère des américains est légitime. Elle est restée raisonnée parce qu’elle n’a pas occasionné de débordements comme ce fut le cas quand il y a eu l’affaire Rodney King à Los Angeles en 1992. Ici, ce sont des policiers qui se sont acharnés contre un afro-américain esseulé et sans défense. La violence des images n’a pas empêché la justice de prononcer l’acquittement des policiers. Ce qui a suscité une vague de violence qui a touché tous les Etats Unis.
Le verdict dans l’affaire Trayvon a failli provoquer la même explosion de violence. Mais les manifestants se sont retenus. En attendant de trouver la possibilité de corriger, on célèbre la mémoire du jeune Trayvon Martin. Les bonbons et la capuche sont devenus les symboles du ralliement à la cause de Trayvon.