dimanche 13 mai 2012

La liberté d’expression à la base


La célébration de la fête du 3 mai a coïncidé avec le lancement officiel de la radio privée Mauritanid FM (MFM). Dans la réalité, elle émet depuis quelques semaines. Et déjà elle est la première radio écoutée à Nouakchott. La couverture des informations, le pluralisme de l’expression, les débats, l’implication des auditeurs… tout cela participe à donner une longueur d’avance considérable à la première radio privée du pays.
Depuis l’expérience de la Radio citoyenne durant la première transition, on n’a plus d’inquiétudes concernant les dérives verbales sur les ondes. Les émissions et les échanges sur les ondes MFM confirment la responsabilité de l’auditeur mauritanien, à quelque niveau que ce soit…
Nombreux sont ceux qui s’inquiètent pour la Mauritanie qui risque selon eux des dérives inévitables. Oubliant que "là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve", selon l’heureuse expression du poète allemand Friedrich Hölderlin.
«Ce qui sauve», c’est, à la base, cette liberté d’expression qui ne s’use que si l’on ne s’en sert pas. L’un des maux de notre société d’aujourd’hui, c’est justement le refus d’en user, voire d’en abuser.
Au lieu d’assumer nos écrits et nos positionnements, certains d’entre nous, par lâcheté plus que par peur des conséquences, préfèrent utiliser l’expression sous le couvert de l’anonymat. Ceux d’entre nous qui cherchent à réhabiliter les réflexes anciens, restaurer l’ordre qui prévalait, préfèrent les graffitis, les tracts… et donc fatalement la vulgarité dans l’expression, les excès dans le langage. Ce qui participe à la décrédibilisation de la parole publique, déjà largement entamée. Et fait partie des aspects de la résistance engagée pour empêcher les transformations de notre société.
En ces heures de questionnements, nous avons besoin d’entendre nos intellectuels indépendants, au sens de l’autonomie. Pas ceux qui sont liés à la ligne d’un parti ou d’une idéologie de parti. Pas ceux non plus qui se réclament d’une orthodoxie stérile.
Nous avons besoin d’une conscience critique et libérée des pesanteurs qui nous empêchent d’avancer. Nous avons besoin d’une explosion de créativité et de création pour nous miroiter des pâturages meilleurs vers lesquels nous pourrons nous diriger. Nous avons besoin d’affirmer notre diversité dans l’unité de notre espace…
…De quoi fonder une société égalitaire, une conscience citoyenne fondée sur le principe de la solidarité, ayant pour seul objectif l’accomplissement de l’homme et son émancipation. Son bonheur en somme.