mercredi 31 juillet 2013

Il était une fois le 6 août (1)

Il y a un an, je vous proposais ici même une série avec pour titre : «Il était une fois le 3 août». C’était dans le souci de rappeler des moments-clés de notre Histoire pour comprendre pourquoi et comment ce qui devait être une «révolution» n’a finalement été qu’une série de soubresauts produisant cependant d’importantes évolutions sur le plan politique, sur celui de la liberté d’expression et, de façon générale sur la manière d’exercer le pouvoir et de gérer les affaires.
Ces avancées qui sont réelles – les dénégations publiques des détracteurs du régime en sont d’ailleurs la preuve – n’ont pas produit tous les effets qu’on pouvait en attendre. Particulièrement la nette rupture avec le passé et ses hommes. Parce que les auteurs – les vrais auteurs – du coup d’Etat du 3 août 2005 ont hésité et ont cru qu’une «douce évolution» était réalisable avec le matériau opérant sur la scène politique mauritanienne. Les auteurs du changement du 3 août n’ont pas bénéficié de l’état de grâce nécessaire à toute entreprise de changement. Ils ont immédiatement été «ceinturés», encerclés, «pressés» par les contingences liées à l’exercice du pouvoir et aux enjeux nés de la volonté d’ouvrir une nouvelle page pour la Mauritanie. Le pire ennemi du changement qu’ils prônaient (voir les postings de l’année passée) venait de l’intérieur de la junte dont ils avaient coopté les membres. Les plus anciens des officiers n’entendaient pas se départir aussi allègrement du pouvoir et le laisser tomber entre les mains de politiques qu’ils ont contribué eux-mêmes à diaboliser. Pour les lus anciens des officiers du Comité militaire pour la Justice et la Démocratie (CMJD), le souci principal était de barrer la route à Ahmed Ould Daddah, celui qui semblait avoir «la légitimité naturelle» d’accéder au pouvoir. C’est ainsi qu’est né le projet Sidi Ould Cheikh Abdallahi qui fut d’abord une proposition des «anciens» et de leurs soutiens politiques appartenant déjà à la machine mise en branle par le système Ould Taya pour diaboliser et décrédibiliser celui qui s’opposait «sans raison» (sic) à lui.
Parenthèse explicative : Pour le Président Ould Taya, si Messaoud Ould Boulkheir s’opposait à lui, c’est parce qu’il l’a débarqué du gouvernement l’accusant de mauvaise gestion ; si ceux du Mouvement national démocratique (MND) s’opposaient à lui, c’est parce qu’il a refusé de les associer au pouvoir ; si les Islamistes ont finalement gagné les rangs de son opposition, c’est parce qu’il a fermé la manne du Golf ; si certains nationalistes s’opposaient, c’est parce qu’il avait ouvert la diplomatie à Israël ; si les négro-africains ne voulaient pas de lui, c’est qu’il a cherché à les neutraliser et à les expulser de Mauritanie… a chacun de ses opposants, il trouvait une raison sauf à Ould Daddah qu’il avait plusieurs fois démarché pour l’amener à s’impliquer dans la gestion publique et qui a toujours décliné. Ce ne peut, à ses yeux, être que de la haine. Et il le lui rendait bien ! Contre lui sera déployée la machine de dénigrement et de diabolisation. Ministres de l’intérieur, corps de sécurité, renseignements, hommes d’affaires, journalistes, hommes politiques, réseaux maffieux… (fin de la parenthèse)
Pas la peine de s’étaler sur le processus de cooptation de Ould Cheikh Abdallahi, ni sur son élection et les conditions dans lesquelles elle s’est faite, encore moins sur les soutiens dont elle a pu bénéficier. Il suffit simplement de rappeler que son élément moteur, son inspiration principale était de barrer la route à Ould Daddah. Ce qui fut fait.