mercredi 4 décembre 2013

Après le Mali, la Centrafrique ?

La guerre du Mali n’est pas fini et voilà que s’annonce pour la France une autre campagne militaire. Cette fois-ci en Centrafrique. L’on attend plus que la décision des Nations-Unies donnant mandat à la France de venir à la rescousse des forces africaines incapables de venir à bout des différentes rébellions et d’instaurer un cessez-le-feu dans le pays. Un pays qui est déjà menacé par une guerre civile à soubassements religieux. Il est clair que la guerre civile dont on voit se développer le début sera une confrontation entre la Séléka à dominante musulmane et les milices chrétiennes d’autodéfense. Du coup, le théâtre que s’apprête la France à investir comporte beaucoup de risques pour elle et pour toute la région.
D’abord pour la France qui est fortement engagée au Mali, au début pour chasses les Jihadistes et extrémistes musulmans, à la fin pour stabiliser le pouvoir et la pays en général. Il est important de savoir que pour l’opinion publique musulmane – ou de larges franges de cette opinion – la guerre menée ici est juste «une manifestation de plus de l’islamophobie qui devient un trait de l’idéologie dominante en France». La contrepropagande française n’a pas réussi (si elle a cherché) malheureusement à inverser la perception que nous avons des «inspirations» françaises.
L’intervention en Centrafrique, même si elle justifie moralement, prête quand même à confusion et donne libre cours à toutes les supputations. Ce qui va nécessairement servir AQMI, Boko Haram et toutes les autres organisations terroristes se réclamant de l’Islam. Parce qu’il a été dit et écrit depuis la prise de pouvoir de la Séléka que les Musulmans ont pris le pouvoir en Centrafrique. Dès cet instant, «on» a voulu présenter la situation là-bas comme un antagonisme Islam-Chrétienneté. Le premier défi pour la France, c’est bien de ne pas apparaitre comme soutien d’une communauté contre une autre. Ce qui est difficile pour un pays qui traine derrière lui une longue histoire d’animosités exprimées d’une manière ou d’une autre vis-à-vis de l’Islam en Afrique.
La France qui a mal, très mal, négocié son intervention au Mali, devra justifier l’envoi de troupes dans les jours prochains en Centrafrique. Elle qui n’a pas pu mobiliser assez de troupes africaines pour le Mali, elle devra en mobiliser pour la Centrafrique. Elle qui n’a pas su vaincre les suspicions musulmanes à son égard, là voilà qui vient comme pour aider l’une des parties contre l’autre. Elle qui n’a pas tenu la promesse de mener une guerre rapide au Mali et d’en sortir après quelques semaines, la voilà empêtrée dans un autre bourbier en Afrique.
Qu’elles s’appellent «Harmattan», «Serval» ou «Epervier», l’intervention militaire en Libye, au Mali ou demain en Centrafrique, s’apparentent déjà à la volonté guerrière des nouvelles droites qui veulent faire des pays occidentaux les maîtres d’un monde qui sera sous domination avec quelque faible autonomie. La question : qu’est-ce qui différencie la politique de la droite de celle de gauche ?