lundi 8 octobre 2012

Un débat en Arabe

Cette fois-ci TVM a choisi de présenter un face-à-face entre deux techniciens appartenant chacun à un camp politique. Ce fut la version arabe de l’émission réussie de notre confrère Yedali Fall, «le débat». Elle a opposé l’actuel ministre de l’économie et du développement, Sidi Ould Tah à Mohamed Ould Abed qui a occupé le poste durant la première transition (2005-2007).
Je ne reviendrai pas sur le contenu, les deux hommes ayant chacun défendu ce qu’il croit être «ses» vérités. Avec quand même la reconnaissance, plus ou moins prononcée par moment, de la conformité et de l’importance pour la Mauritanie des performances mises en exergue par les partenaires au développement.
Sur le plan de la forme, le débat était sérieux, animé, passionné par moments, mais au niveau des débatteurs. Pas de dérives verbales ni de faux-fuyants.
Avec un léger avantage pour Ould Abed qui pouvait se permettre toutes les assertions pour déstabiliser son vis-à-vis. Il pouvait aussi se targuer, et il a raison de le faire, de défier sur son comportement exemplaire – compétence et droiture – durant son exercice. Tout en évitant de prendre sur lui les agissements de ses pairs et du sommet de l’Etat de l’époque. Cela demandait de l’habileté et ce fut sa grande réussite.
Quand il dit qu’il avait dénoncé à l’époque le règlement de la dette – en fait 135 milliards qui ont fait l’objet d’un protocole d’accord entre la BCM, le ministère du développement et celui des finances qui en était l’artisan principal avec la présidence du CMJD. Il a émis en son temps les questionnements qu’il fallait pour mettre en doute la régularité d’une telle procédure et sa justesse. Nous en avons compris que l’opération est bien «sale» mais que le ministre de l’époque avait essayé en vain de la contrer. C’est comme la facturation des 32 kilomètres de route séparant Rosso de M’Bignik qui ont été aussi l’occasion de malversations avérées.
A la fin de l’émission, je me retrouvais en train de regretter que la politique arrache à la Mauritanie ses meilleurs techniciens en les sortant de leurs domaines précis et utiles pour une scène où ils se perdent et s’engluent dans la nasse. Tous ces cadres de la BCM, de la SNIM, des ministères des finances, du développement, ces ingénieurs, médecins, techniciens supérieurs qui, du jour au lendemain, se lancent dans un espace pourri par les «hableurs», faussaires de tous acabits.
En 2003, on avait beaucoup parlé de la candidature d’un éminent professeur de chez nous. Une grande personnalité dont la compétence et le sérieux, mais aussi la renommée internationale, n’étaient pas à remettre en doute. J’étais contre. Je faisais partie de ceux qui disaient ceux-ci : «Il n’existe pas deux Mauritaniens qui excellent dans le domaine de compétence de …, alors que toute le monde ici fait de la politique. En le présentant, vous privez la Mauritanie d’une autorité scientifique, vous lui demander de pratiquer un art dont il ignore tous les mécanismes et vous ajoutez au surpeuplement d’une scène finalement saturée».
En 2007, nous avons vu comment l’ambition politique a emporté Zeine Ould Zeidane, un jeune qui avait tout son avenir devant lui et qui s’est retrouvé prisonnier dans le ventre d’une hydre à sept têtes. Personne ne doute de ses capacités techniques, mais personne non plus ne croit à ses aptitudes politiques, même s’il a eu un score plus qu’honorable (15%).
Combien de Ould Zeidane, de Ould Abed, de Lô Gourmo, de Ould Moulaye M’Hammed…, et avant de Ould Daddah, de Ould Cheikh Abdallahi… (vous en trouverez plus que moi et dans toutes les couches sociales), combien de techniciens devrons-nous sacrifier à la politique à la fin  ?