mercredi 7 février 2018

Bonjour les dégâts

Ces trois dernières années devaient être consacrées à la réalisation des promesses faites par le Président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz. A l’occasion de son discours d’investiture, il avait dit que ce mandat sera consacré à la réforme de la Justice, de l’administration, de la santé et de l’éducation.
Le gouvernement nommé le 21 août 2014 avait pour mission justement de travailler pour la réalisation de ces promesses. Même s’il a donné l’impression de s’activer, aucun des projets qu’il a eu en charge de lancer ne s’est terminé dans les délais. Ni les routes, ni les projets structurants comme ceux de l’eau en Aftout ou au Dh’har, encore moins les lotissements nouveaux…
Plus de trois ans, 42 mois au total… Nous ne pouvons que constater le recul dans les domaines ciblés pour devenir des priorités. Occupé à corriger les erreurs de ses collaborateurs immédiats, particulièrement de son gouvernement, le Président n’a pas hésité une fois à monter lui-même au créneau pour remplir le vide créé par l’indigence de ce gouvernement. Que ce soit à l’occasion de campagnes politiques ou de réalisations en matière d’infrastructures.
Le domaine où l’action de ce gouvernement a été le plus visiblement catastrophique est celui de la communication. Jugez-en vous-mêmes.
Depuis quelques années, la Mauritanie est leader aux plans arabe et africain en matière de liberté de presse et d’expression. Avec notamment la libéralisation de l’audiovisuel, le renforcement de la presse écrite et l’éclosion d’une presse électronique très caustique. Ce qui a permis jusque-là de donner une image d’un pays ouvert, pluriel et démocratique. Evitant ainsi l’exacerbation des frustrations et l’explosion, sur la place publique, des mécontentements.
La gestion du gouvernement de ce secteur a donné le résultat suivant :
-          Une seule chaine de télévision privée émet aujourd’hui. Peu importe si c’est parce que les autres refusent de payer des redevances dues, le résultat est là : alors que TDM, la société de diffusion continue de payer le bouquet, celui-ci n’est pas utilisé ;
-          La presse écrite se meurt dans l’indifférence. Expression majeure de la crise qu’elle traverse voire de sa faillite annoncée : la pénurie récente de papier au niveau de l’imprimerie nationale qui a vu, pour la première fois de l’Histoire du pays, disparaitre pour une décade les quotidiens officiels (Chaab et Horizons) ;
-          La presse électronique est, elle, noyée dans un flot de sites alimentés et entretenus par les cabinets ministériels, souvent par les premiers responsables eux-mêmes.
C’est le résultat qu’on pouvait attendre de l’action d’un gouvernement qui veut tout domestiquer.
Il ne faut pas croire ici que la domestication des expressions et de la presse est destinée à mieux servir le régime, le Président ou son système. Que nenni ! C’est juste pour en faire des thuriféraires pour ceux qui tiennent la bourse et le pouvoir coercitif actuellement.
Vous voyez des textes d’une rare violence contre le Président et sa famille, publiés sur les sites réputés être à la solde de ces cabinets. Et qui, un titre plus loin, noient leurs commanditaires sous un flot de louanges qui n’ont aucune raison d’être.
Le recul que le pays pourrait connaitre dans le classement de RSF risque d’être sans précédent. Parce que le gouvernement a agi à l’encontre de la volonté politique du Président Ould Abdel Aziz qui a fait de la liberté de la presse un cheval de bataille. Où en est-on aujourd’hui ?
Il y a bien sûr une liberté d’expression qui s’apparente à un laisser-aller tellement elle est vidée de sens. Comme elle est sans effet parce qu’elle n’a plus de cadre pour s’exercer publiquement.

Autant dire que le recul est net et sans appel.