lundi 14 juillet 2014

La révolution française, ce qu’il nous en reste

La France fête en grande pompe ce jour qui a vu le déclenchement d’un processus révolutionnaire avec la prise de la Bastille, lequel événement a été plus une étape dans les transformations sociales et économiques, surtout politiques. Le processus est celui qui a commencé avec les philosophes du siècle des Lumières et qui a continué avec les convulsions qui ont duré plus d’un siècle.
Le 5 juillet 1789, le Roi de France Louis XVI convoque le Parlement pour décider de la levée de nouveaux impôts afin de renflouer les caisses vides de l’Etat. A l’époque le Parlement comprenait les représentants de trois ordres : la noblesse qui dominait encore l’ordre social, le clergé qui a la main sur l’ordre moral et religieux et le tiers état qui englobe l’essentiel de la population, tout ce qui n’est ni noblesse ni clergé. Autant dire la grande majorité de la population ou comme on disait à l’époque «les quatre-vingt-seize centième de la Nation». Ce ne sont pas ceux-là qui sont les privilégiés. Au contraire, si l’on décide d’une nouvelle levée d’impôts, les deux premiers ordres seront épargnés, alors que le troisième devra supporter le poids de l’effort. C’est ce système basé sur l’inégalité entre citoyens et consacrant l’arbitraire contre le peuple, c’est la perpétuation de ce système qui va provoquer les événements qui vont faire «la Révolution française».
Le 22 juin 1789 les représentants du tiers état qui se sont déjà institués en «Assemblée nationale», bravent l’interdiction du Roi et se réunissent non loin du Palais de Versailles pour faire le serment d’engager la bataille et de ne plus se séparer avant de doter la France d’une Constitution. Cette démarche est soutenue par la partie «éclairée» de la noblesse et du clergé influencés par les idées du siècle des Lumières.
Le Roi tente d’imposer son autorité mais c’était trop tard. L’un des tribuns de la nouvelle Assemblée, le comte de Mirabeau lui aurait répondu : «Nous sommes là par la volonté du peuple et nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes». Une phrase que la postérité retiendra comme expression de rébellion et de refus.
Les événements se précipitent et le peuple prend la parole ou plutôt la rue. La révolution devient populaire. Son premier acte est la prise de la Bastille le 14 juillet 1789. Pour la petite histoire, il faut savoir que prendre la vieille forteresse transformée en prison n’a rien de glorieux en soi : à peine une centaine de gardes (invalides plus gardes suisses) pour surveiller sept prisonniers dont deux fous et un délinquant sexuel. C’était plutôt un symbole qui donnait le la à une révolte contre l’autorité du Roi jugé désormais «arbitraire».
Paris explose. Puis la France toute entière. Il faut lire tout ce qui a été écrit sur l’époque pour comprendre l’ampleur des événements.
Abolition des privilèges puis Déclaration universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen, c’est l’institution du principe révolutionnaire : «Tous les Hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits»… Tous les Hommes ?
…Non, pas tous ! Partout ailleurs, ailleurs que dans les métropoles européennes de l’époque, se créent et s’entretiennent des empires coloniaux qui trouvent leurs justifications dans «la mission civilisatrice de l’Europe» et dans la classification des Hommes en races dont les «supérieures» ayant droit à tout, et les «inférieures» devant tout.
Si les Européens devaient vivre de profondes mutations accompagnant l’émancipation physique et intellectuelle de l’Homme, d’autres peuples vont souffrir de l’exercice direct de l’arbitraire qui culmine avec l’intensification de la traite négrière qui occasionnera génocides, pillages, destructions, ravages…
Il y a désormais plusieurs «Humanités», celle qui a droit à la prospérité, à la liberté, à l’égalité, à l’autodéfense, et qui peut disposer d’elle-même…, et celles qui sont condamnées à subir, à donner sans recevoir, et auxquelles il ne revient plus le droit de rêver la liberté, d’aspirer à un monde plus juste, de pouvoir disposer de leurs terres, de leurs ressources…
…Ce 14 juillet arrive au moment où la France de François Hollande, celle d’un pouvoir de gauche, vient de bénir, sans discernement la guerre menée par Israël contre Gaza. Si la France «condamne les attaques perpétrées contre les colonies israéliennes depuis Gaza», elle «espère» - juste qu’elle espère – que la réaction israélienne «soit mesurée». Aucune référence aux droits des Palestiniens. Aucun rappel des résolutions unanimement votées pour permettre aux Palestiniens d’avoir un Etat à eux, d’y jouir de leurs droits…

Oubliées les valeurs généreuses disséminées par la Révolution de 1789… par la France de François Hollande… Fraternité. Justice. Egalité. Solidarité. Citoyenneté. Humanité…