samedi 31 mars 2012

Du révisionnisme


«À l'origine, le terme de révisionnisme désignait le mouvement demandant la révision du procès Dreyfus. Le sens de ce terme s'est ensuite étendu, et désigne aujourd'hui un courant de pensée tendant à remettre en cause et modifier plus ou moins profondément, selon les cas, un système idéologique ou politique établi, un traité international ou un texte de loi majeur, ou encore des faits considérés comme historiques.» Telle est la définition donnée par les dictionnaires en ligne du mot «révisionnisme». Par altération – ou évolution – le mot a fini par se confondre avec le négationnisme. Quand on utilise les deux mots en Occident, on sait à quoi on fait référence : la Shoa, les fours crématoires, les procès pour délit d’appartenance religieuse… Mais chez nous ?
J’utiliserai ces mots pour désigner un courant de pensée et un discours qui persiste dans leur négation de l’existence de l’esclavage et qui continuent à soutenir que jamais exactions n’ont eu lieu chez nous dans les années sombres (80-90). J’en parle à présent parce que j’ai eu une discussion avec un haut dignitaire de la politique qui ne peut cependant être taxé de pro-pouvoir. Il m’a tenu le propos que voici :
«Le régime démocratique d’après la transition nous a créé trois problèmes majeurs : la question du passif humanitaire, celle de l’esclavage et celle de l’Islamisme.
Il a ouvert la boîte à Pandore en reconnaissant les torts qui auraient été commis contre les noirs de Mauritanie. Sans impliquer les spécialistes de la question dont notamment les gouverneurs de régions, les préfets, les ministres de l’intérieur de l’époque des faits, les chefs de corps (police, gendarmerie, armée, garde)… pour comprendre la logique qui a présidé au renvoi de milliers de personnes sous prétexte qu’ils sont des Sénégalais. Il y avait bien des justifications développées par les raisons d’Etat. Comment on a ré-ouvert le dossier, cela mettra une cinquantaine d’années pour se refermer.
Avec la loi criminalisant l’esclavage, nous avons ouvert un dossier qui se mettre une trentaine d’années pour se refermer. Il a cependant permis au président Messaoud Ould Boulkheir de conclure son combat et de rester sur scène.
L’autorisation d’un parti islamiste a été une catastrophe dans la mesure où elle a légalisé l’activité d’un groupe extrémiste qui se cache derrière le terme «modéré» tout en continuant de nourrir et de se nourrir des activités des groupes terroristes. Vous croyez que la manifestation des femmes voilées réclamant l’application de la Chari’a et la fin de la démocratie qui est une apostasie. Il nous faudra une vingtaine d’années pour nous reprendre surtout que la prise de pouvoir par Al Qaeda en Libye va avoir ses répercussions.»
Que quelqu’un tienne encore des propos pareils inquiète, voire écœure. Je le dis parce que la vigilance doit être de mise. Nous n’avons pas fini de «transiter»…