mercredi 29 mai 2013

Poisson pour tous

Ce n’est pas la première fois que je vous en parle, ce ne sera pas la dernière fois, Inchaa Allah. Parce que je crois qu’il s’agit là d’un projet qui mérite attention et accompagnement. De quoi s’agit-il ?
De mettre à la disposition des populations les moins pourvues en moyens, le poisson pêché dans les eaux mauritaniennes. L’opération a commencé par les saisies faites sur les bateaux contrevenants par la Surveillance maritime et qui sont ensuite gracieusement distribuées aux populations pauvres des grands centres urbains. C’était du temps où le colonel Cheikh Ould Baya dirigeait la Surveillance.
Puis on a pensé à greffer là-dessus un projet qui aura pour ambition d’introduire le poisson dans les habitudes alimentaires de la Mauritanie profonde. Une manière de faire profiter les populations du terroir (et celles des villes qui n’en avaient pas les moyens) de ce grand apport en protéines et autres composantes nutritives. En même temps contribuer à diminuer l’effort fait sur le cheptel. Et, immédiatement, permettre à des milliers de gens de manger enfin du poisson. Ce qui n’est pas peu dans un pays qui a longtemps tourné le dos à la mer.
Depuis la dernière fois où je vous ai entretenu des quantités envoyées en 2012 dans les différents points de vente (2.476.870 tonnes au total), il faut dire que le projet avance, même si sa composante «coopération espagnole» n’est pas encore totalement déployée.
On compte aujourd’hui 30 centres de stockage et 25 points de vente sur l’ensemble du territoire national. Ces centres sont pourvus de containers de capacité variant entre 50 et 60 tonnes. Certains, comme c’est le cas de Kiffa, ont une capacité de 100.000 tonnes. Les centres sont régulièrement approvisionnés malgré les difficultés liées au déficit en électricité dans certaines villes. L’approvisionnement des Hodh a été suspendu momentanément en attendant la réalisation du tronçon Kiffa-Tintane. Le Tagant et le Guidimakha ne sont pas encore servis.
Le projet possède juste deux camions frigorifiques qui font la navette. Bientôt, il sera équipé de camions et de containers grâce à la coopération espagnole qui a accepté d’y mettre 5 millions d’euros. Il est même envisagé de trouver une solution à la satisfaction des besoins en électricité par l’achat de groupes par exemple.
En attendant, le projet emploie 176 personnes environ dont 84 femmes. Ils sont tous payés sur le produit de la vente du produit. Est-il besoin de rappeler que le poisson est vendu 50 UM/kg pour permettre aux populations les moins pourvues d’y accéder.
La consommation quotidienne des Wilayas varie entre 1 tonne environ et 3. C’est le cas de Nouakchott où les 15 poissonneries écoulent 3 tonnes au bas mot par jour. Ce qui donne une indication sur le spectre de populations touchées.
Depuis le mois de mars (2013), plus de 800 tonnes ont été acheminées sur les différents marchés. L’on note qu’à Nouakchott 204 tonnes ont été écoulées, 143 à Atar, 136 à Kaédi, 105 à Zouératt… c’est révélateur quand on découvre que 10 tonnes ont été acheminées pour la même période à Wadane et 7 à Bir Mogreyn, là où le poisson était peu apprécié.
Selon les responsables du projet, l’apport né de l’accord avec l’Union Européenne et par lequel 2% du pélagique pêché doivent être dédiés au projet, cet apport a considérablement augmenté les possibilités existantes. Il y a aujourd’hui un surplus qui est stocké à Nouadhibou en attendant d’être acheminé vers les points de vente.
Par ailleurs, et grâce à une ONG de la place, des sessions de formations ont été organisées au profit des populations du Nord pour leur apprendre les différentes variétés de plats à base de poisson. Une manière de leur apprendre comment en profiter au maximum.