vendredi 12 septembre 2014

Pour le prix d’un asile

J’ai lu la semaine dernière un récit qui m’a choqué. C’était la reprise d’une information parue dans un journal français (La Montagne ?) concernant un Mauritanien. «P., un jeune mauritanien, est venu chercher la sécurité en France. Il y a atterri en février 2014». Je ne sais pas pourquoi on choisit de donner seulement l’initiale de son nom (ou prénom) dans la mesure où il est déjà en France où il semble être en sécurité.
L’article – de quel journal ? – nous raconte  que «P. est arrivé en France avec un pied nécrosé, une blessur à la matraque infligée par les militaires». Le récit rapporté site la personne : «Il y a eu des problèmes. Si tu n’as pas les papiers de ta mère et de ton père, tu ne peux plus être Mauritanien». Qui a dit ça et depuis quand c’est comme ça ?
Et le journal d’expliquer en se référant aux propos du personnage : «il s’agissait d’exclure une partie de la population, les Maures noirs, à l’approche des élections». Parce que «P. fait partie de ceux qui ont été déchus de leur nationalité». P. raconte : «Chez nous, beaucoup n’ont pas les certificats de décès. Ma mère est morte en 2000, mon père, en 1989 (les dates choisies sont bien sûr significatives). Le journal reconnait quand même que le récit de la fuite de P. de son pays «pourrait figurer dans un film d’espionnage». Et de décrire qu’il était sorti de prison «vêtu de vêtements militaire», avec «une voiture qui l’attend dehors» et le «départ en bateau». Bien sûr que P. ne savait pas où il allait, «un type m’a mis dans une petite chambre ; il m’a dit de ne pas sortir». Dans le bateau ou ailleurs ?
«(Mon) pays d’origine, c’est fini. Ici, au moins, je suis moi», affirme P. qui selon le journal est «arrêté lors des manifestations, en 2011, liées au recensement national, qu’il couvrait pour une chaine de télévision». TVM, peut-être ?
C’est à la fin qu’on comprend le pourquoi de ce tissu décousu de mensonges : P. a entrepris le processus de recherche d’un statut d’exilé politique en France. Le journal nous apprend enfin : «L’Etat français n’a pas encore statué sur son dossier. P. attend toujours sa convocation». Si c’est un article pareil, même repris par un organe mauritanien, qui va permettre le traitement judicieux de son dossier, il faut reconnaitre que l’Office français chargé des réfugiés et apatrides (OFPRA) n’a aucune faculté de discernement. Au-delà de l’OFPRA, il y a tout le système français et européen en général qui est pourri par des démarches pareilles. Ne parlons pas des Etats Unis où les jeunes mauritaniens affluent ces derniers temps sous prétexte qu’ils sont persécutés pour raisons religieuses (des Chrétiens ou Juifs menacés) ou sexuelles (menace d’homophobie). Tout ça passe. Tant pis.