mercredi 21 janvier 2015

Transparence et développement en Afrique

L’événement était de taille : une conférence internationale sur la transparence en Afrique dans un pays classé très bas dans la perception de l’indice de corruption et dans le classement annuel publié par Transparency International. C’est que lors de sa visite en Mauritanie en décembre dernier, Peter Eigen, président de TI avait été subjugué par le dispositif mis en place par notre pays pour lutter contre la corruption et la mauvaise gouvernance en général. Le rapport qui sortait la semaine de sa visite, et qui plaçait la Mauritanie à la 122ème place ne l’avait pas empêché de provoquer cette réunion internationale sur terre mauritanienne.
Sous le thème «Transparence et développement en Afrique», la rencontre a finalement réuni les experts de tous horizons : institutions internationales (TI, Banque Mondiale, Union Européenne, Union Africaine, PNUD…), organisations de la société civile locales et régionales et les représentants de gouvernements. En fait ce qui fait la fameuse triptyque du «Triangle magique» tel que défini par Peter Eigen.
Après deux jours de discussions ouvertes, les participants ont convenu de «la nécessité urgente et permanente d'accélérer les progrès dans la lutte contre la corruption, le blanchiment d'argent, l'évasion fiscale et toutes les autres formes de flux financiers illicites, à travers des approches globales et stratégiques à long terme». Relevant que «l'Afrique est dotée d'une richesse de ressources naturelles, dont le pétrole et le gaz, les mines ainsi que les ressources marines». Malgré cela, notre continent vit toutes ces misères qui n’expriment en rien ses potentialités. Pourtant, «avec une bonne gouvernance à tous les niveaux, ces ressources naturelles peuvent transformer les vies de millions de citoyens africains des générations actuelles et futures. Avec une bonne gouvernance, les ressources naturelles peuvent permettre à nos Etats de créer des emplois, dynamiser la croissance économique, réduire la pauvreté et les inégalités, accroître l'intégration sociale et favoriser le développement durable».
Dans le texte intitulé «Déclaration de Nouakchott», les participants ont appelé «à soutenir et à suivre l’engagement du gouvernement de la Mauritanie, qui assure actuellement la présidence de l’Union Africaine». Notamment «à encourager la gestion efficace et transparente des ressources publiques par des institutions fortes et fonctionnelles, une fonction publique professionnelle et efficace, ainsi que des politiques saines de gestion budgétaire et de passation de marchés et l'utilisation des nouvelles technologies et des instruments pour la publication et l'analyse des données fiscales». Ensuite «promouvoir et renforcer la coopération et le dialogue entre les gouvernements, la société civile et le secteur privé, afin de construire le consensus politique et la compréhension qui sera nécessaire à prévenir et éradiquer la corruption, le blanchiment d'argent, et les flux financiers illicites.»
Sans oublier d’appeler à «réaffirmer davantage le soutien pour les efforts des pays membres de l'Union africaine pour récupérer et restituer les avoirs volés, à refuser un havre de sécurité aux recettes de la corruption, à mettre en place les principales conventions régionales et internationales de lutte contre la corruption par leurs engagements internationaux de recouvrement des avoirs, et à initier les procédures internes contre les agents corrompus y compris le recouvrement des avoirs volés».
La conscience aigue de l’utilité des médias amène les participants à «soutenir la liberté de, et l'accès à l’information, un principe qui est vital à la promotion de l'ouverture et la redevabilité dans la politique public et la passation des marchés, et à permettre à la société civile, y compris les médias, à aider à prévenir et lutter contre la corruption et ses infractions principales».
Les participants ont déclaré s’être réunis à l'invitation de Mohamed OULD ABDEL AZIZ, Président de la République Islamique de Mauritanie, et Président en exercice de l'Union africaine, avec le soutien de la Banque africaine de développement, l'Union européenne, Deutsche Gesellschaftfür Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH, Transparency International (TI), le Programme des Nations Unies pour le Développement, et la Banque mondiale ; provenant du secteur public, du secteur privé et de la société civile, et en présence du chef d'État de Mauritanie, de représentants de plusieurs gouvernements, et de hauts représentants des organisations internationales et régionales.