mardi 16 décembre 2014

L’UE exerce la pression

Comme par hasard, au moment où l’Accord de pêche entre l’Union européenne et la Mauritanie arrive à échéance, le dialogue politique est engagé entre les deux parties. Une expression sibylline pour désigner le cadre institutionnel par lequel l’UE impose à un pays ses points de vue sur la démocratisation, les Droits de l’Homme, la gouvernance… C’est officiellement l’occasion de passer en revue les avancées réalisées et d’évaluer les retards et manquements relevés. Bien entendu, c’est l’affaire Birame Ould Dah Ould Abeid qui a eu droit à la plus grande attention, la partie européenne trouvant ici la défaillance.
Au même moment d’ailleurs que s’engagent les discussions à Nouakchott, les regards sont déjà tournés vers Strasbourg où une commission des Droits de l’Homme doit se prononcer sur le cas mauritanien. Comme si la Mauritanie n’a pas élaboré, en collaboration avec les Nations Unies, une feuille de route visant à éradiquer l’esclavage et ses séquelles. Il sera certainement question d’atteintes aux droits humains et d’injonctions faites à la Mauritanie.
Ce soudain intérêt pour ces questions et la reprise du dialogue politique interviennent effectivement à un moment où les Européens sont attendus sur de nouvelles propositions concernant l’accord de pêche dont l’effectivité a pris fin hier 15 décembre. Date choisie par les négociateurs européens qui avaient pensé mettre la pression sur la Mauritanie en remettant en cause les procédures initiales : de tous temps, la signature de l’Accord et l’échange de lettres suffisaient à ouvrir la zone de pêche mauritanienne aux partenaires européens, mais depuis la contestation faite au printemps par ses derniers, il faut désormais attendre la fin de tout le processus d’approbation (conseil des ministres, ratification par le Parlement…).
Au dernier round des négociations, la partie européenne avait proposé de rabaisser le niveau de la compensation à 45 millions euros au lieu des 67 du dernier Accord. Alors que les Mauritaniens, estimant offrir aux armateurs européens l’accès à une ressource de qualité et se trouvant à proximité des marchés européens, croient que rien ne justifie la remise en cause des termes du dernier Accord considéré comme historique.
En fait cet Accord qui prend ainsi fin répondait à toutes les exigences du monde d’aujourd’hui. Il était un premier pas vers un commerce équitable. Il participait aussi à l’effort de préservation de la ressource parce qu’il prenait en compte les capacités de prise. Mais, last but not least, il mettait fin à la surexploitation du poulpe qui devenait, par décision mauritanienne, une exclusivité réservée à l’armement artisanal.

Avec cet Accord, c’était un peu la fin d’un style, d’une méthodologie et de relations équivoques… Un style, une méthodologie et des relations qui donnaient fatalement un perdant – la Mauritanie. On a cru un moment redresser un peu pour approcher d’un point d’équilibre… était-ce trop espérer du partenaire européen ?