jeudi 29 septembre 2011

L’occasion d’une soutenance


Mardi dernier, le professeur d’université Mohamedou Ould Mohameden (Ould Meyen) soutenait un travail d’habilitation à la direction de thèses. Il est le premier de l’université de Nouakchott à faire cela. Il s’agit de présenter l’ensemble du travail de recherches réalisées depuis l’obtention du doctorat à un jury et de le présenter devant ce jury. Quelques remarques que j’ai retenues de ce que les professeurs marocains ont dit.
La première remarque et qui est d’actualité, concerne la relation que les chercheurs mauritaniens – particulièrement arabophones – entretiennent avec le versant sud du pays. Pour les Marocains, «il est dommage que les regards, quand il s’agit de recherches, soient portés exclusivement ou démesurément sur le nord». Et d’ajouter : «ce que nous attendons de vous, c’est l’expertise que vous devez développer par rapport à cette région». Ce n’est pas normal effectivement qu’une partie de nos chercheurs refuse de puiser dans toutes les sources de l’Histoire globale du pays et non dans une direction particulière. A la faculté des lettres de Mohamed V à Rabat, il y a déjà de grands spécialistes de la Vallée du fleuve Sénégal, pas en Mauritanie.
Une autre partie des chercheurs – les francophones – sont prisonniers du prisme inverse. Toutes leurs sources sont coloniales ou viennent du sud. Leur regard n’est jamais porté sur le versant nord du pays. Dans l’un comme dans l’autre des cas, l’erreur a de lourdes conséquences dont la moindre est l’absence d’une vision globale des influences et des confluences.
Le chercheur mauritanien est peu spécialisé. Il veut toucher à tout. Les professeurs marocains ne savent pas que c’est le cas de tous nos compatriotes. Le Mauritanien ne vous dit jamais «je ne sais pas». Il sait tout et peut faire tout. Le concept du «’alimou koulli vennin» (connaisseur de tout art) est passé par là. C’est en regardant l’émission «layali Ramadan» pendant laquelle vous avez un médecin et un faqih qui répondent aux questions du public, que vous vous rendez compte combien la spécialité ne veut rien dire. Aux questions du «licite et de l’illicite», c’est le toubib qui répond. Aux questions médicales, c’est le faqih qui répond.
Troisième remarque faite par les universitaires marocains, ce qu’il faut qualifier d’égoïsme des chercheurs mauritaniens. «Il faut mettre à profit vos réseaux pour développer la coopération entre vos institutions et celles étrangères. Ne pas rester sur le seul profit de sa personne mais l’élargir au profit général». Eh oui…