lundi 18 février 2013

La France moralement responsable


Des exactions, il y en a eu depuis la reconquête du Nord Mali par les forces françaises avec lesquelles ce qui reste de l’Armée malienne joue le rôle de supplétifs. Un peu les tirailleurs de la conquête coloniale, connus pour leur cruauté envers les populations des contrées conquises. Sauf qu’ici, les militaires maliens ne doivent pas oublier qu’il s’agit de leurs populations, de leur pays, de sa cohésion, de sa survie…
Des Touaregs, des Arabes, des Songhaïs, des Peulhs… aujourd’hui, hier… à Tombouctou, Gao, Konna, Djiabali… toujours le même scénario : les Français attaquent, les groupes armés s’enfuient, les éléments de l’Armée malienne entrent pour donner l’impression qu’il s’agit bien d’une opération de reconquête totalement réalisée par elle, et puis… des hommes disparaissent, d’autres sont exécutés, d’autres molestés et dépossédés de leurs biens… Les Français regardent ailleurs. Ils refusent de laisser passer des images de cette guerre qui commence d’ailleurs à déranger par l’absence d’images…
Combien de temps pour panser les plaies ? combien de temps pour oublier ? Après les survivants de la rébellion des années 60, ceux qui se sont révoltés dans les années 90 pour venger les massacres des années noires, et ceux qui les ont suivi sous prétexte de vouloir venger les exactions des années 90, après tous ces épisodes, qu’est-ce qui garantira que de nouvelles générations d’orphelins, de survivants à l’inquisition d’aujourd’hui, ne se rebellent pas dans dix, vingt ans ?
La France est moralement responsable de tout ce qui peut advenir – et qui advient déjà – aux populations du Nord malien, aux Mauritaniens qui sont pris pour cible pour le seul motif de ressembler à ces populations. Et avec elle l’Union Européenne et toute la communauté internationale dont elle voudrait incarner la volonté.