mardi 27 août 2013

Une comète est passée, Eli Shaykh est parti

On imagine d’ici le désarroi et l’inquiétude des premiers hommes voyant le ciel s’illuminer d’une espèce de lumière crue traçant sa route «là-haut», éclairant tout par son passage et finissant dans un abyme dont ils ne peuvent imaginer les contours.
On imagine aisément la peur qui les pétrifie au moment de voir apparaitre, puis disparaitre, tant de lumière, tant de clarté, tant de luminosité, mais aussi tant de force…
On peut aisément les voir d’ici, après tants d’années passées sur l’évolution de l’homme sans pouvoir percer les vrais mystères de la Nature, et imaginer leur effroi des lendemains… On peut même aller jusqu’à partager avec eux ces sentiments qui nous dictent finalement l’humilité et la soumission… La soumission à la Toute-puissance de notre Créateur qui nous a dotés de sens à même de nous permettre de faire de  notre faiblesse principale – le fait de ne pas pouvoir contrôler ce qui arrive –, d’en faire une force en nous obligeant – en nous enseignant – à l’accepter comme si elle allait de soi, comme si elle était fatalité heureuse…
Devant le passage d’une comète, l’attitude aujourd’hui est toujours la même : désarroi, inquiétude, effroi… Entretemps, nous avons trouvé une explication «populaire» au phénomène : chaque comète et chaque étoile filante annonce la fin d’une vie. Plus l’étoile est lumineuse, plus elle brille, plus elle est grosse, plus le deuil annoncé est important. Ce qui a donné l’expression en Hassaniya «taahit nejmtou» (son étoile est tombée) pour dire la fin, biologique ou sociale, d’un homme…
La plus grosse comète de notre temps est passée… le 27 août 2013… dans e ciel de Mauritanie avec l’extinction du plus grand héritier de la Tariqa Fadiliya, Eli Shaykh Ould Emmomme…
Phénoménal leader religieux qui a marqué tout un espace sans prendre les armes, sans courir les routes, sans prétendre détenir un statut unique ou un savoir unique ou une faculté unique… simplement en vivant une vie d’ascète, d’homme pieux ayant choisi d’occuper la dimension qu’Allah lui a réservée, celle d’un homme extraordinaire parce qu’hors du commun.
Pas besoin de raconter ces histoires qui peuplent son environnement, pas besoin de répéter ce que d’autres ont déjà dit, il suffit de se rappeler que l’homme Eli Shaykh s’est fait lui-même, qu’il a attiré vers lui les lumières qui l’ont auréolé jusqu’à son départ, qu’il a été le sauveur d’une région au moment où la population vivait les affres de la disette des années 70, qu’il a participé au maintien sur place d’une population et d’une vie, avant de réussir à en faire un centre culturel attirant touristes et disciples de toutes parts.
Eli Shaykh Ould Emmomme est en lui-même une preuve de ce qu’il est : un Saint.
Les plus sceptiques d’entre nous, ceux qui ne laissent pas de place aux compétences dans l’«administration de l’invisible», trouveront que nous sommes excessifs. On ne peut pas être «excessif» quand il s’agit de décrire et de rendre hommage au Shaykh Eli Shaykh : tout ce qui sera dit sera en-deçà de ce qui aurait pu être dit. Nous n’avons pas assez de verbe pour exprimer le désarroi, l’inquiétude et l’effroi qui nous étreignent au moment où passe cette comète qui annonce la fin d’une vie, celle de Shaykh Eli Shaykh
Le temps peut-être de rappeler que quand le Destin frappe, la Miséricorde est toujours là pour atténuer le coup. Quelle que soit par ailleurs sa force.

Inna liLlahi wa inna ilayhi raji’oune wal hamdu liLlahi Rabbi il’alamiine wa çalaatu wassalamu ‘ala ashrafi el mursaliine.