vendredi 15 juin 2012

Pourquoi un journal en Français ?


Le journal télévisé en français (JTF) de la TVM est une catastrophe. Depuis des années, on le répète, en privé, en public. C’est pourquoi je me permets de relancer la question à la veille de la réforme promise des médias publics. Il ne sert à rien parce qu’il est un cumul de toutes les carences : dans la rédaction, dans la présentation, dans la locution…
C’est seulement là que vous entendrez que «le président des Nations Unies» est «Baakimo», que vous entendrez lire «CICR» en «sikr», que vous entendrez des confusions entre Pakistan et Afghanistan, entre APP et MPR, entre UFP et UPR… quant aux noms, oublions qu’ils sont la plupart du temps écorchés.
Je trouve que le JTF, dans sa forme qui est là depuis des années, est le symbole de ce que nous sommes.
Il est la preuve d’une paresse caractérisée : aucun effort n’est fourni par les journalistes qui présentent, ni par le secrétariat de rédaction (s’il en existe). Le moindre effort, c’est la règle. La preuve aussi de notre sens inné du refus de la compétence. A TVM, il y a des journalistes, jeunes et moins jeunes, qui parlent bien français, qui l’écrivent bien, qui le prononcent bien… où sont-ils ? Et s’il n’y en a pas pourquoi ne pas faire appel à des expertises extérieures ?
Je sais qu’à la fin des années 90, «on» avait cherché à banaliser la présence du Français sur la scène officielle. Les autorités de l’époque n’avaient rien trouvé de mieux que sacrifier la qualité de l’usage de cette langue dans les médias officiels. Parce qu’il faut dire que le JTF de TVM ne se porte pas plus mal que celui de Radio Mauritanie ou que les dépêches de l’AMI.
Tellement déprécié que plus personne ne fait attention à cela. Pourquoi j’en parle maintenant ? J’assistais à une conférence internationale à laquelle quelques confrères de l’Afrique francophone étaient conviés comme moi. On parlait de la Mauritanie quand l’un d’eux s’est esclaffé. Mon regard dut le résoudre à s’expliquer. «Ecoute mon frère, nous avons l’habitude de suivre le journal télévisé de votre télévision repris par Africable ou d’autres chaînes, et c’est un moment de régal pour nous…» Tous semblaient avoir la même appréciation.
Je sais que nous sommes en phase de grands changements en vue de l’amélioration des prestations de nos médias publics. Alors pourquoi ne pas rappeler cette aberration que constitue le journal dans sa forme actuelle ? Je rappelle que rien n’oblige à présenter un journal dans cette langue, surtout un journal qu’on regarde (ou qu’on écoute) juste pour se moquer. Autant arrêter et «retourner» les trente minutes qu’il prend «sur» l’horaire des langues nationales. Nous nous éviterons beaucoup de déconvenues.