mardi 17 décembre 2013

Le politique d’abord

Cela s’est passé au moment de la pose de la première pierre de la centrale hydro-électrique de Gouina, un projet gigantesque lancée par l’Organisation de mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS). Prenant la parole pour souhaiter la bienvenue à des pairs, le Président Ibrahim Boubacar Keita a d’abord rendu hommage aux soldats sénégalais tués dans l’attentat de Kidal qui a visé un poste de la MINUSMA, cette force africaine placée sous le couvert de l’ONU. Une petite digression pour dire qu’il ne dialoguera jamais avec des rebelles armés. «Je ne traiterai jamais d’égal à égal avec des gens qui ont les armes à la main», avait-il martelé comme pour répondre à des demandes venues d’on ne sait où. Ce n’est pas la première fois que le président malien fait de telles déclarations. Lors de sa récente tournée en Europe, notamment la France où il a assisté au sommet sur la sécurité, il a dit clairement qu’il est hors de question de discuter tant que le Mali n’a pas recouvert l’entière souveraineté de son territoire et tant qu’il y a des groupes armés. C’est légitime quand on prend en compte la situation de Kidal et de ses environs encore interdits à l’Armée malienne.
En prenant la parole à son tour, le Président Mohamed Ould Abdel Aziz, président en exercice de l’OMVS, a tenu à faire ses hommages aux soldats sénégalais et à présenter ses condoléances au Président du Sénégal et à son peuple. Avant d’exprimer son soutien à la position exprimée par le Président Keita. Il en a profité pour condamner les agressions terroristes dont a été victime la Mauritanie, pays qui a combattu très tôt ces extrémismes qui menaient en fait à la criminalité transfrontalière. Pour lui, l’espace OMVS doit être préservé par la coopération et la solidarité.
Ce détour par la politique a permis de remettre les pendules à l’heure quant aux positions mauritaniennes vis-à-vis de la question. Si le ciel des relations avec le Mali s’est à un moment assombri, c’est bien suite à quelques incompréhensions qui sont ainsi levées. La Mauritanie ne soutient aucune force rebelle au Mali. Elle est contre toute velléité d’indépendance et entend aider le Mali à recouvrer sa souveraineté entière sur son territoire. Elle est aux côtés du Mali dans ce que ce pays croit être le mieux pour lui. Comment d’ailleurs peut-il en être autrement ?
Le Mali et la Mauritanie sont deux dont les relations ne peuvent absolument pas souffrir l’ombre d’un désaccord. Les interférences sociales entre les habitants des frontières imposent un minimum de cohésion et de solidarité qui fait que les pouvoirs sont condamnés à cheminer ensemble. Plus que le Sénégal (fleuve), la frontière entre les deux pays crée un creuset et fait que pour l’un et l’autre il s’agit là d’un espace vital qui commande la stabilité et la sécurité.
Les discours des deux Présidents étaient nécessaires pour ce qu’ils dissipent de malentendus et pour ce qu’ils révèlent de conscience de la communauté de destin. Ils sont aussi une indication pour dire que l’espace OMVS a conscience de la nécessaire solidarité face à l’ennemi commun.