dimanche 16 mars 2014

7 juin, 1er tour de la présidentielle

C’est presque sûr : le premier tour de l’élection présidentielle sera fixé au 7 juin prochain, le deuxième tour sera donc le 21. Vraisemblablement, la convocation du collège électoral se fera aux environs du 21 avril. Alors que le registre des listes électorales est ouvert à partir de cette semaine.
Pendant ce temps, la classe politique se cherche. Les rencontres avec le Premier ministre se suivent et se ressemblent. Si l’on peut comprendre que quand il a été reçu par le Premier ministre, Mohamed Ould Maouloud ne pouvait aller dans le détail parce qu’on était à la veille de la tenue du fameux forum dont on espérait des propositions concrètes pour l’organisation d’élections consensuelles. Qu’en est-il de tous ces chefs de partis reçus sans faire de véritables propositions ? D’après les comptes-rendus des uns et des autres, on en est resté à de vagues discussions autour de la nécessité de l’ouverture d’un dialogue inclusif. Sans propositions concrètes. Alors que le temps passe.
Nous arrivons aujourd’hui à un timing désormais précis sans savoir quels contours et quelle forme peut prendre ce dialogue. On peut difficilement envisager des pourparlers comme ceux qui ont regroupé Majorité et Opposition «dialoguiste» (Alliance populaire progressiste, Al Wiam et Sawab) et qui ont donné les grands résultats à la base des élections législatives et municipales passées. D’ailleurs la plupart des acteurs de ce dialogue-là (2011-2012) n’accepteraient pas d’en entamer un autre. Ni Messaoud Ould Boulkheir, ni Boydiel Ould Hoummoid ne seraient prêts à reprendre à zéro un processus qu’ils estiment avoir mené jusqu’au bout. C’est le cas aussi de la plupart des (petits) partis de la Majorité qui rechigneront à revenir à la case départ.
On peut aussi faire un remake du «dialogue au rabais» accepté par la COD à la veille des législatives et municipales et qui n’avait finalement rien donné. Parce qu’il s’était terminé en queue de poisson, aucune des parties ne sachant quoi faire dans le face à face de dernière minute. Est-ce qu’il est probable de voir jouer la même partition ? Probablement quand on voit que personne ne semble vouloir aller de l’avant.
Pourtant, le Président Ould Abdel Aziz a affirmé à tous ses visiteurs récents qu’il était prêt à discuter de tout avec l’opposition «si cela pouvait l’amener à participer». De tout sauf du recul de la présidentielle fixée constitutionnellement et de la constitution d’un gouvernement d’union ou d’ouverture. «Mais on peut discuter de la dissolution de la CENI, de l’Assemblée nationale, des outils électoraux, de l’audit des listes…», aurait-il dit à ses interlocuteurs de ces dernières semaines.
Mais l’on se trouve ici devant un dilemme. En plus des nombreux partis qui n’accepteront pas l’ouverture d’un dialogue global, Tawaçoul, Al Wiam et l’UPR se résigneront difficilement à la reprise des élections municipales et législatives. Alors que faire ? comment dépasser le stade de l’expression d’une vague disponibilité à dialoguer ? comment passer au concret ? comment le faire pendant qu’il en est temps ?
L’expérience nous apprend que notre élite politique a deux «qualités» qu’il est difficile de vaincre : sa capacité à tergiverser et donc à perdre le temps, et la difficulté pour elle d’être précise dans ce qu’elle veut. Le risque aujourd’hui est de voir le temps passer sans trouver de passerelle et d’organiser une élection sans l’opposition ou sans une grande partie de l’opposition (la COD et Tawaçoul). Surtout que le dernier forum n’a pas donné un accord sur la candidature unique, certains y voyant un piège qui leur est tendu. Alors ?
On devra attendre le déroulement d’une élection qui est déjà sans surprise et d’espérer qu’en contrepartie de la reconnaissance de ses résultats, le pouvoir qui en sortira acceptera de dissoudre le Parlement et les Mairies pour ouvrir le jeu à tous ses protagonistes. Qui a intérêt au déroulement d’un tel scénario ?