jeudi 15 mars 2012

La guerre, toujours présente

Avec les Koweitiens, la discussion finit toujours autour de la guerre provoquée par l’occupation du Koweït par son puissant voisin du nord, l’Irak. Et quand on voit que vous n’êtes pas convaincu, on finit par vous entraîner au musée de la libération, un musée dédié aux relations avec ce voisin, et surtout à cette guerre.
Mascottes, figurines, miniatures… tout est mis en œuvre pour raconter ce qui fut un trauma pour le Koweït… et une catastrophe pour l’Irak et pour la région en général.
Au matin du 2 août 1990, les armées de Saddam Hussein occupent le Koweït. En quelques jours, presque tout le territoire est sous contrôle malgré la résistance d’une petite armée et d’un peuple plutôt pacifique mais héroïque. Une occupation qui mettra six mois après avoir été le prétexte pour une coalition internationale de déployer ses forces dans la région.
Les conséquences de l’expédition «Tempête du désert» sont énormes. On parle encore des milliers de cadavres sur les routes, des quantités énormes de matériels militaires abandonnés ou détruits sur le chemin du retrait irakien. En plus du choc produit. Une folle équipée qu’on tente ici d’entretenir pour cultiver la ferveur.
On vous dit que le Koweït est une petite entité située entre trois géants devant lesquels il ne fait pas le poids. D’une part un Irak depuis toujours belliqueux vis-à-vis de ce qu’il considère être une partie de lui-même. Dernier incident : le port de Bamyan situé sur une île appartenant au Koweït et dont la construction gêne la partie irakienne qui ne s’en cache pas. Il en a été question – sans solution – lors de la visite qu’effectue aujourd’hui le Premier ministre irakien au Koweït.
D’autre part l’Iran qui menace les équilibres régionaux et qui peut, dès qu’il se sent menacé par les Occidentaux, faire du Koweït un champ de bataille. Culbuter le petit Etat comme avaient fait les Allemands pour la Belgique en 1939.
De l’autre côté le «frère» Saoudien sur lequel on n’est obligé de s’adosser, mais qui est, par moments encombrant.
La géopolitique apprend donc à cette population et aux structures de l’Etat la rationalité. Pas d’extravagance dans les rapports avec l’autre, pas d’arrogance, «juste la conscience de notre taille pour avoir les ambitions qui sont les nôtres». C’est, selon le secrétaire général du ministère de la communication (Wakil comme on l’appelle ici) et qui se trouve être un membre de la famille émirale, ce qui a amené le Koweït à refuser la proposition de rachat d’Al Jazeera, faite dans les années 90 par des groupes dont la BBC. «Nous ne pouvons pas afficher des ambitions qui ne doivent pas être les nôtres. Nous préférons évoluer dans le calme et en toute humilité».
Partout dans les rues de Koweït-city, s’affichent deux chiffres : 51 et 21. Le premier pour les 51 années d’indépendance, le second pour les 21 années passées depuis la libération de l’occupation du pays par son voisin du nord.