lundi 23 avril 2012

De Nouakchott et de Paris


Toute l’après-midi d’hier, mon attention était captée par deux évènements : la marche organisée par les jeunes et les femmes de la Coordination de l’opposition démocratique (COD), et les débats accompagnant le premier tour de l’élection présidentielle française.
Des milliers de jeunes, de moins jeunes et de femmes ont défilé dans les rues de Nouakchott pour demander le départ du Président Ould Abdel Aziz. Reprenant en cœur les slogans lancés par leurs ainés des partis de la Coordination. Ces ainés ont tout fait pour se contenter d’être des invités d’honneur. De quoi faire oublier les déconvenues du Nord…
On ne va pas discuter les motivations de la COD, encore moins les incohérences du discours et des positions. Je vais me contenter de constater que cette marche qui a pris un itinéraire «risqué», passant de l’ancienne Maison des Jeunes, par la direction régionale de la Sûreté, empruntant l’avenue Abdel Nasser, pour passer devant l’Ambassade de France et finir par un meeting devant la TVM.
Nous en apprenons que ce n’est pas le nombre, ni le parcours, ni les slogans qui provoquent la violence car il n’y a eu aucun heurt. Parce que la marche était autorisée et qu’elle n’a pas débordé, aucune provocation n’a été enregistrée. Tout s’est passé suivant les «normes démocratiques» et dans le respect du droit à l’expression.
C’est bien parce que les manifestants de l’ISERI ou de l’Université refusent de suivre les procédures administratives menant à l’autorisation par les autorités, c’est bien pour cela qu’ils justifient la répression dont ils sont victimes. Quand on perturbe l’ordre public, on doit en assumer les conséquences… Et quand on a la possibilité de manifester librement et sans violence, on doit en profiter… et, comme disent les amis du Canard, «la liberté ne s’use que si l’on ne s’en sert pas»…
Les débats autour du premier tour de l’élection française m’ont appris beaucoup de choses, énormément de choses. Je ne veux en retenir aujourd’hui qu’une : je crois comprendre maintenant pourquoi notre classe politique refuse le dialogue, la confrontation des idées et des visions…
Cela demande un niveau, une vision, une capacité à exprimer ses idées, à prendre la parole en public, à avoir une foi, du courage pour la défendre, de la prestance pour crédibiliser les propos, du sérieux dans les analyses… autant dire que cela demande beaucoup… beaucoup trop.