mardi 14 février 2012

Les massacres d’Aguelhok


C’est maintenant prouvé et tout le monde en parle : des massacres ont été commis dans cette localité du nord malien. Plus de 80 soldats maliens ont été froidement exécutés par les rebelles qui avaient pris possession de la ville pendant quelques heures ou quelques jours (c’est selon les versions).  Sur le total des exécutés, il n’y avait que trois «teints clairs». Ce sont les «fuites organisées», notamment la diffusion des photos, qui ont provoqué les mouvements de foules visant les populations Touarègues et Maures et dont les commerces mauritaniens ont été victimes en partie.
«Il y a eu effectivement des violences absolument atroces et inadmissibles à Aguelhok, il y a eu effectivement des exécutions sommaires, des soldats, des personnes – on parle d’une centaine – qui ont été capturées et ont été froidement exécutées», a déclaré le ministre français de la Coopération, Henri de Raincourt au lendemain de sa visite à Bamako, Nouakchott et Niamey. Il a précisé que «certains prétendent que la méthode utilisée pour l’exécution s’apparente à celle utilisée par Al-Qaïda». Alors que de son côté, Alain Juppé, ministre français des affaires étrangères, déclarait qu’«on ne sait pas très bien quelle est la part que joue Al-Qaïda ou Aqmi (dans ces attaques), mais il y a eu des massacres tout à fait épouvantables et que nous avons condamnés».
Ce sont les hommes d’Iyad Ag Ghali qui dirige la faction dite «Ansar Al Islâm», qui seraient responsables du massacre. Les méthodes sont bien celles d’Al Qaeda avec lequel l’ancien diplomate malien entretient des relations avérées. Notamment avec la brigade de Targui, l’un des seconds du chef Abu Zeyd. La logique tribale sous-tendrait une telle alliance. Reste à savoir si le massacre avait sciemment opéré le massacre, pour ensuite en faire porter la responsabilité au mouvement de libération de l’Azawad, ou si c’est tout simplement le fruit de la fureur aveugle et meurtrière de son groups fortement inspiré par les méthodes d’Al Qaeda.
Mais au-delà de la question du massacre qui soulève l’indignation de tout le monde, c’est la stabilité du Mali qui est préoccupante. Même si tout le monde – pays voisins, acteurs politiques locaux et régionaux, leaders d’opinion…- s’accorde sur la nécessité de rejeter toute remise en cause des frontières héritées de la colonisation. Cela ouvrirait la voie à tous les réaménagements des frontières en Afrique. Mais comment régler le problème du nord malien ?
Dans la perspective des élections présidentielles, la question de savoir si ces élections peuvent se tenir à la date initialement prévue, cette question est posée. Comment faire élire un président à un moment où le tiers (au moins) du pays est hors contrôle ? va-t-il falloir exclure une partie de la population ?
Ou faut-il penser à la mise en place d’un gouvernement de transition chargé de fixer une nouvelle date pour ces élections et de définir (de mettre en action probablement) un plan de paix qui inclurait toutes les parties ? Quel rôle alors pour l’actuel chef d’Etat Amadou Toumani Touré accusé par beaucoup d’avoir laissé faire ? Avant tout cela, comment éviter que les éléments jihadistes fortement implantés au nord du Mali, ne réussissent à semer le désordre et les germes de la confrontation ethnique ?
C’est tout cela qui doit interpeller les amis du Mali dont tous les habitants de la région ahélo-saharienne.