vendredi 24 janvier 2014

En attendant de voir…(1)

Beaucoup de supputations sur le gouvernement, sur les alliances attendues, sur les marchandages politiques probables, sur la future configuration de la scène politique, sur le nouveau dispositif de l’Opposition… Analyses froides, prophéties, informations vérifiées, d’autres qui le sont moins… tout y est pour nous dire de quoi le lendemain politique sera fait.
Au lendemain d’une épreuve politique comme celle des élections législatives et municipales, il est nécessaire de tirer les conclusions. Pour le pouvoir d’abord qui a vu «son» parti, l’Union pour la République (UPR), remporter la majorité des sièges à l’Assemblée nationale et ceux des maires. De quoi le réconforter dans les choix qui ont été les siens. Logiquement du moins, parce que les analystes «indépendants» croient que «le pouvoir est sorti affaibli des élections». Ils évoquent les mécontentements, les déchirures, l’effet de la naissance d’une multitude de partis dans la périphérie de l’UPR, pour expliquer cette faiblesse qui ne s’est pourtant pas exprimée ni dans les résultats, ni dans le comportement des gouvernants. Force donc est de croire le contraire : les résultats obtenus par le seul UPR sont pour le pouvoir un motif de satisfaction.
Le gouvernement qui doit être constitué sortira nécessairement des urnes. C’est ce que la réforme constitutionnelle introduite à partir du dialogue entre la Majorité et une partie de l’Opposition avait consacré. C’est le parti qui peut rassembler une Majorité qui nomme le gouvernement. Aujourd’hui l’UPR a déjà la majorité à l’Assemblée. S’il décide de s’ouvrir aux autres, c’est pour élargir ses alliances. Il ne peut le faire que si elle répond à un souci lié à la présidentielle prévue dans moins de quatre mois. Les partis satellites comme tous ceux dits «de la jeunesse» soutiennent déjà le Président Mohamed Ould Abdel Aziz. Leur implication dans le gouvernement les réconforterait simplement dans leur choix. Le challenge pour l’UPR est donc de ramener l’un des partis-symboles dans l’escarcelle de la Majorité : Alliance populaire et progressiste (APP) de Messaoud Ould Boulkheir, Alliance pour la justice et la démocratie (AJD/MR) de Sarr Ibrahima ou encore Al Wiam de Boydiel Ould Hoummoid. Avec Tawaçoul toute démarche du genre semble exclue.
L’avantage pour l’UPR d’avoir APP ou AJD/MR, c’est que l’éventuel accord va nécessairement concerner la Communauté urbaine de Nouakchott (CUN) dont la bataille n’est pas totalement consommée.
On raconte que l’UPR aurait trouvé un accord avec Messaoud Ould Boulkheir qui serait reconduit comme président de l’Assemblée nationale en contrepartie du soutien de son parti à l’UPR pour la CUN. Difficile à croire quand on se rappelle tout ce qui a été dit et écrit sur sa présidence passée qui a été le fruit d’un marchandage politique incluant son soutien au candidat Sidi Ould Cheikh Abdallahi au second tour de mars 2007. A l’époque l’importance de ce soutien ne découlait pas seulement au nombre de voix que pouvait rapporter Ould Boulkheir et son parti, mais à la légitimation de cette élection ouvertement soutenue par la junte de l’époque. Alors que la présidence de l’Assemblée aujourd’hui contre la CUN, c’est un marché de dupes.
Surtout que la présidence de l’Assemblée par un chef de parti qui n’a pas assez de députés pour faire un groupe parlementaire affecterait sérieusement les principes de la démocratie. Le Président Ould Boulkheir est certainement le premier à ne pas vouloir d’un tel scénario, lui qui a milité pour asseoir un système démocratique en Mauritanie. Tout ce qu’on dit à propos des marchandages entre le Président Messaoud et le pouvoir, relève plutôt d’une malveillance vis-à-vis de cet homme (ses détracteurs n’ont pas fini de l’accabler). D’ailleurs tous ceux qui ont une ambition présidentielle n’ont pas intérêt à s’acoquiner avec le pouvoir actuellement. Jusqu’à preuve de contraire, Messaoud Ould Boulkheir fait partie des futurs candidats.
Que reste-t-il alors ?