mardi 28 février 2012

Les contrôleurs de pêche


Les vérités des uns… C’est devant la Wilaya de Nouadhibou que je fus interpellé par un groupe de jeunes contrôleurs des pêches. Ils sont là chaque jour pour rappeler leur situation aux autorités. En réalité, tous les foyers de mécontentement se ravivent en ces jours où l’on parle de la visite prochaine du Président de la République. A Nouadhibou, une ville frondeuse de tradition, l’esprit rebelle et contestataire a toujours refait surface.
On parle d’un groupe de jeunes qui vont prendre leur départ le 1er mars pour aller à Nouakchott à pied. Une façon pour eux de protester contre le chômage qui les frappe. On parle d’un précédent avec des jeunes qui ont finalement été rappelés alors qu’ils étaient en route, pour se voir octroyer emplois et émoluments en nature.
Pour revenir à nos contrôleurs, ils m’ont expliqué qu’ils sont au nombre de 74 dont 51 ont été suspendus par la Délégation. 5 d’entre eux viennent d’être affectés à …Foum Legleyta au Gorgol (département de M’Bout). Je ne sais pas ce que fout un contrôleur des pêches dans un coin perdu comme Foum Legleyta… Ces contrôleurs demandent la normalisation de leur situation et l’augmentation de leurs salaires. Comme tous les travailleurs mauritaniens, ils ne demandent jamais que l’amélioration de leurs traitements directs…
Et quand vous demandez à quelqu’un de l’administration, il vous explique qu’il s’agit de dizaines de personnes engagées pour des raisons socio-politiques, juste pour avoir un salaire. Le clientélisme tribal et politique à l’état pur. «La Délégation n’a pas forcément besoin d’eux et refuse donc de satisfaire leurs doléances. Ils s’organisent pour faire pression. Leur administration de tutelle prend des mesures, parfois arbitraires…»
A la porte du Point Central où se concentre l’administration de la SNIM, des hommes de la sécurité parlent d’aller en grève. A Nouadhibou, je vous dis c’est la mode. Ils appartiendraient à cet ensemble qu’on appelle «les journaliers» qui travaillent pour des sociétés ayant des contrats avec la SNIM. Ils ont obtenu l’engagement des plus hautes autorités de l’Etat qu’ils seront recrutés régulièrement. Ils espèrent cela en faisant pression par leurs mouvements ponctuels. La SNIM qui a recruté ces derniers temps près de 700 personnes ne peut cependant prendre qu’en fonction de ses besoins et des profils initialement recherchés. Les sociétés (tâcherons) vivent sur les besoins occasionnels de la SNIM.
Si la société a besoin de changer 100, 200 ou 300 kilomètres de rails sur la voie ferrée, elle aura besoin de plus de bras que s’il s’agit d’une opération d’entretien routinier. Dans le premier cas, le tâcheron aura besoin de plus d’employés.
Il y a deux ans, les autorités avaient engagé les tâcherons à avoir des contrats de travail réguliers avec l’assurance maladie pour chaque employé, des bureaux stables et une visibilité avérée. Rien ne semble avoir été respecté de ces engagements. Dans la phase actuelle, la SNIM pourrait exiger cela et l’inscrire comme conditions à remplir pour soumissionner aux marchés. En tout cas ce n’est pas à la SNIM de recruter des gens dont elle n’a pas besoin.