dimanche 8 avril 2012

Histoire de boubou


Juste un break. C’est l’histoire d’un Deymani qui était venu payer un boubou dans l’une des boutiques du marché de la capitale. Il avait expliqué au téléphone, alors qu’il était déjà en pourparlers avec le boutiquier, qu’il s’apprêtait à prendre une voiture pour aller passer le weekend du côté de «la ville»… «Eddechra»… ceux de Mederdra appellent comme ça leur bled. Même s’ils sont à Paris, ils vont toujours de Mederdra en parlant de «la ville»… Revenons à notre boutiquier.
Il propose au Deymani deux boubous, l’un blanc l’autre bleu, pour lui permettre de choisir. Mais le Deymani voulait juste un boubou. Il prit le blanc, paya et s’en alla de peur de rater la première voiture qui allait du côté de la ville. Dans un moment d’inattention, un ami du boutiquier est entré, a vu le boubou et l’a pris sous son bras. Il sortit avec la ferme intention de payer son ami quand ils se retrouveront ce vendredi autour d’un thiebou dien (riz au poisson).
De retour à la réalité, le boutiquier se rendit compte que le boubou qu’il avait sorti pour laisser le choix au Deymani n’était pas là. Il conclut tout de suite que le Deymani l’avait emporté sans le payer. Mais comme il savait où il pouvait l’intercepter, il courut à la gare des voitures qui se trouvait d’ailleurs non loin du marché.
Voyant de loin, le Deymani, il cria avant de l’atteindre : «Heih, où est l’argent du deuxième boubou, le boubou bleu ? tu ne l’as pas payé… tu as donné le prix du boubou blanc mais de celui bleu… alors…»
Sans rechigner, le Deymani lui demanda ce qu’il devait payer… «Combien vous dois-je ?» Et quand il lui dit il paya. Le boutiquier s’en alla tout content d’avoir évité de se faire avoir.
Vendredi, son ami arrive chez lui en lui rapportant l’argent du boubou. «Qu’est-ce que c’est ?» «C’est l’argent du boubou que j’ai pris hier sur le comptoir, un boubou bleu qui était là quand je suis entré et que j’ai trouvé très beau…» Suffisant pour faire comprendre au boutiquier la méprise. Mauvaise nuit, mauvaise journée du lendemain, mauvaise nuit… il pensait à une seule chose : aller au-devant des voitures venant de Mederdra dimanche matin pour rendre au Deymani son argent et lui demander pardon…
Dimanche matin, le boutiquier s’est réveillé très tôt pour ne pas rater les premières voitures. Le Deymani était là dans la première arrivée. «Essalamou alykoum, ente eddarra’a…» «etwaalit jiya dhi eddara’a akhbar’ha maa tawva ?»
Décidément cette histoire de boubou ne finit jamais…
NB : Pour ceux qui n’auraient pas compris, faites-vous traduire les propos par qui de droit.