vendredi 9 septembre 2011

La décennie de la terreur (1)


Dix ans déjà ! L’effondrement des tours jumelles, les milliers de morts américains d’abord, ensuite afghans, irakiens, somaliens, palestiniens, pakistanais, yéménites… au nom de la lutte contre le terrorisme engagée par les Etats-Unis et le monde occidental en général au lendemain de l’attaque du 11 septembre 2001. Dix ans après, le traumatisme causé par ses évènements est toujours aussi fort. Les questionnements toujours les mêmes. Toujours sans réponse.
Avant le 11 septembre, la relation entre les principaux acteurs de ce qui allait être une guerre globale, étaient plus que liés. Ben Laden et ses réseaux sont un montage de la CIA pour combattre les Russes en Afghanistan à travers l’encadrement et l’équipement des Talibans, étudiants venus du Pakistan proche, sortis des âges farouches. On sait aujourd’hui qu’en juillet 2001, Ben Laden se soignait aux frais de la CIA à Abu Dhabi aux Emirats.
Avec les Talibans, la relation se normalisait plus ou moins. Des négociations sont engagées soit directement entre l’administration américaine et les intégristes de Kaboul, soit à travers les services de renseignements pakistanais (ISI). Pour ce faire «la communauté internationale» - on sait désormais ce que cette nomination désigne : l’Amérique et ses alliés – avait fait le montage du «6+2», les six pays frontaliers avec l’Afghanistan plus la Russie et les Etats-Unis, pour engager le processus de normalisation de l’Etat des Talibans. A la mi-août, on en était à l’ONU à monter un gouvernement d’union nationale en Afghanistan. Le 2 août Washington reçoit l’ambassadeur des Talibans au Pakistan, seule personnalité encore «en mouvement». Mais les Américains voulaient Ben Laden qui avait trouvé refuge chez les Talibans.
Ben Laden, devenu l’ennemi public en Arabie Saoudite et dans la péninsule arabique en général. Pour protéger les gouvernants alliés, les Etats-Unis tenaient à éliminer cette menace. Retour de manivelle. Ben Laden utilise les réseaux montés sous le parrainage de la CIA, pour combattre l’Amérique. Plusieurs attaques sont perpétrées contre les intérêts américains en Afrique et dans la péninsule arabique.
Les attaques du 11 septembre arrivent à un moment crucial pour George W. Bush. Elu dans des conditions très contestables, il est au plus bas dans les sondages au matin du 11. Sa machine de communication saura en tirer profit pour créer un élan patriotique autour du Président à bord de son Air Force One. Oubliées les premières peurs et les hésitations du patron de la Maison Blanche.
George W. Bush trouvait aussi l’occasion de justifier, puis de mener sa guerre contre l’Irak. Une guerre qui a été présentée comme un acte de «libération» et qui s’est transformée en une occupation qui dure encore. Plus chèrement payée par le peuple irakien que la domination coloniale, que les régimes monarchiques pourris et que la dictature du parti Baath. A peu près semblable aux hécatombes occasionnées par les occupations mongoles et turques.
Le clan «idéologique» des Bush y trouva aussi une inspiration pour le renouveau du conservatisme primaire, celui qui divise le monde en deux : celui du Bien auquel j’appartiens, celui du Mal auquel appartiennent les autres. Et avec la résurgence des néoconservateurs, renaissaient toutes les idéologies sectaires et messianiques.
L’Amérique ne s’en relève que très difficilement. (suite samedi et dimanche)