mardi 2 juillet 2013

«Misérabilissime» administration

Dans l’attente du Président de la République, la population venue de partout de la région du Trarza attend à l’entrée est de Rosso. Dimanche dernier, une foule importante se massait ici en attendant de voir passer le Président. Un crieur faisait le va-et-vient, haranguant la foule en utilisant tantôt un mégaphone. Pour dire n’importe quoi : appeler quelqu’un, rappeler quelqu’un d’autre à l’ordre, dire du bien de tel ou tel…
Chaque fois que le Préfet (Hakem) de la ville s’approchait pour faire de l’ordre, le crieur s’excitait de plus belle pour dire combien étaient vains les ordres du Hakem. «Vous n’avez pas d’autorité ici, Monsieur le Hakem, finit-il par dire. Personne ne vous obéit. Vous n’avez pas la personnalité d’imposer votre ordre. Dégagez administrateurs, vous avez tout perdu…»
Un mépris qui faisait rire l’assistance et contre lequel le Hakem ne pouvait rien. Il faisait juste semblant de ne pas avoir entendu et continuait à vouloir imposer un ordre de préséance à l’accueil du Président. Mais le crieur avait raison : personne ne voulait obéir au Hakem qui acceptait enfin sa défaite après plusieurs tentatives.
Aujourd’hui, c’est jour de fête à Mederdra. Tout tourne autour du Hakem du département. Ici le préfet donne l’impression de se gausser de tout et de chacun. Il a décidé de laisser faire, de laisser dire. Il est écrasé par le «Wazir» qui prend un malin plaisir à lui dicter ses ordres en public. «Al Wazir» s’occupe de tout : des inscriptions des gens qui doivent être reçus, de ceux qui doivent être au-devant du Président, de l’alignement, de tout, de tout… Même le Hakem finit par dire qu’«il faut attendre le retour du Wazir», «est-ce que tu as vu al wazir ?»…

Deux situations qui sont deux manifestations de la faiblesse de l’administration qui est prise entre deux hostilités de comportement. D’une part, celui des citoyens qui ont perdu tout respect pour les représentants de cette administration, et, d’autre part, des hauts responsables qui affichent un grand mépris, comme pour se valoriser aux yeux de leurs concitoyens. Ne nous étonnons donc point si l’administration est si mal vue. La «conspiration nationale» écrase aussi cette administration qui perd peu à peu les moyens moraux et psychologiques qui lui permettaient de mener à bien sa mission.