vendredi 4 octobre 2013

Hommage au général Giap

Il vient de décéder à l’âge de 102 ans. Le général Vo Nguyen Giap est tout simplement le héros de la guerre d’indépendance du Vietnam, le plus grand après Ho Chi Min celui qu’on surnommait affecteusement «l’Oncle Ho» par opposition à «l’Oncle Sam» désignant les Etats-Unis. Mais son aura dépassait largement l’espace de ce «petit» pays qui a vaincu la France dans une première phase, les Etats-Unis dans une seconde. Et dans les deux phases de la guerre de libération (du Nord puis du Sud), le général Giap fut l’artisan de la défaite coloniale puis impérialiste.
«Hayou Mao/hayou Lénine//wa l’Oncle Ho/hayouh ilayn» (rendez hommage à Mao/et à Lénine//et l’Oncle Ho, rendez-lui bien hommage). Un fragment d’une chanson qu’on entonnait dans les rues des villes naissantes et dans les campagnes de Mauritanie, au milieu des années 70, quand les Kadihines faisaient trembler l’ordre établi. Des fragments qui en disent long sur l’influence de l’homme.
Sa victoire à Diên Biên Phu est bien le début du mouvement d’émancipation des peuples colonisés. Les armées françaises avaient choisi de s’installer dans cette cuvette pour avoir une vue totale sur le Laos et sur le Vietnam. Un peu aussi pour amener les viets à réagir. C’est le général Giap qui organise ses troupes pour les lancer à l’attaque le 23 mars 1954. Il occupe la plaine et chasse les Français le 7 mai. Cette capitulation d’une Armée coloniale donne le signal à toutes les forces nationales : il est possible de battre le maître du moment. Son influence provoque des tentatives de guerre de libération partout dans le monde.
«Quand j’étais jeune, je rêvais un jour de voir mon pays libre et unifié», aimait-il rappeler. C’est à Bonaparte qu’il fait référence pour expliquer comment il avait fait à Diên Biên Phu : «Là où une chèvre passe, un homme peut passer ; là où un homme passe, un bataillon peut passer». Dans une interview accordée un jour au journal Le Monde, il disait qu’«à Diên Biên Phu, pour livrer un kilo de riz aux soldats qui menaient le siège, il fallait en consommer quatre pendant le transport. Nous avons utilisé 260.000 porteurs, plus de 20.000 bicyclettes, 11.800 radeaux, 400 camions et 500 chevaux». La connaissance du terrain, la mobilité, la discipline et l’engagement feront le reste.
Pour son dernier combat contre les Américains dans la partie Sud-Vietnam, combat qui allait prendre fin avec la capitulation de Saïgon le 30 avril 1975, il raconte au journal français que «le gouvernement de Saïgon, celui de Nguyên Van Thiêu, a donné l'ordre au chef local, le général Ngô Quang Truong, de tenir 'jusqu'à la mort'. Je donne l'ordre à la division 312 d'attaquer Danang. Son commandant me répond : 'L'ennemi est assez fort, jevous demande sept jours'. Je lui dis : 'Je prévois que Ngô Quang Truong va seretirer par la mer. Combien de temps lui faudra-t-il ?'».
«Au moins trois jours», finit par lui répondre, en communication radio, le chef de la 312. «Alors, je vous donne trois jours. Ordre est donné aux troupes de se déplacer en plein jour, de descendre la RN1. Vous serez bombardés par l'artillerie de la marine adverse, mais cela n'est pas grave», dit Giap. «Ainsi, a-t-il poursuivi, non seulement la poche de Danang est réduite mais nous avons disposé de plusieurs divisions supplémentaires pour l'attaque finale de Saïgon». «Je leur ai simplement dit : 'foncez sur Saïgon !'».
Je ne sais pas exactement si le Général Giap a été en Mauritanie. Mais je sais qu’il a inspiré le Polisario dans ses attaques contre notre pays, notamment dans les différentes expéditions contre Nouakchott et Zouératt. Je sais aussi que ses méthodes feront école et qu’elles permettront des victoires en Algérie, au Maroc, en Tunisie notamment.

Rendons hommage à cet homme qui a quand même ouvert la voie à la lutte anticoloniale et qui a été le courage incarné.