lundi 2 décembre 2013

La configuration qui s’annonce

Dès le premier tour dont les résultats ne sont pas définitifs, c’est bien Tawaçoul qui prend la première place parmi le groupe des partis dits «d’opposition». Avec un total de 12 députés (3 sur la liste régionale de Nouakchott, 3 sur la liste nationale mixte, 3 sur la liste nationale des femmes, 2 sièges de Wad Naga et 1 sur les sièges de Kiffa), Tawaçoul arrive deuxième après l’Union pour la République (UPR), le parti dit «au pouvoir». 7 sièges restent encore à conquérir pour Tawaçoul au terme du second tour.
Il est suivi par le parti Al Wiam de Boydiel Ould Hoummoid qui réalise un score de 8 sièges (2 à Kobenni, 1 sur la liste nationale mixte, 1 sur celle des femmes, 1 sur celle de Nouakchott, 1 sur celle de Sélibaby, 1 sur celle de Kiffa et 1 sur celle de Mbout). Al Wiam est encore dans la course pour 3 sièges dont l’un dans une liste commune avec Tawaçoul.
Arrive en troisième position dans le camp de l’Opposition, l’Alliance populaire progressiste (APP) avec 7 sièges (2 sur la liste régionale de Nouakchott, 2 sur celle nationale mixte, 2 sur celle des femmes et 1 sur les sièges de Sélibaby). APP essayera au second tour d’augmenter sa part en gagnant les 2 sièges de Boghé et les 2 de Mounguel (avec UPR comme protagoniste).
Autant dire tout de suite que la direction de l’Institution de l’Opposition Démocratique reviendra obligatoirement à Tawaçoul. Il s’agit jusque-là d’un «machin» faisant pourtant partie du dispositif démocratique. Il assure à la démocratie mauritanienne un équilibre qui permet à l’opposition démocratique d’être impliquée dans la gestion des affaires. Notamment par l’obligation d’établir un dialogue permanent entre le pouvoir et l’opposition à travers les rencontres périodes obligatoires entre le Président de la République et le Chef de file de l’Opposition démocratique. Ces rencontres demandent des deux parties une capacité d’écoute et une nécessité d’échanges qui n’ont pas toujours été là par le passé. Avec Tawaçoul, il est sûr que les attitudes vont changer même s’il reste à savoir qui sera désigné pour être «Chef de file de l’Opposition démocratique».
C’est quelqu’un qui doit être obligatoirement élu. Ce qui exclut Jemil Mansour, le président du parti islamiste sauf s’il se présente à l’élection sénatoriale (renouvellement du tiers du Sénat) obligatoirement organisée dans les semaines qui viennent. Peut-être Mohamed Mahmoud Ould Seyidi, élu député et en même temps Secrétaire général de l’Association Moustaqbal que dirige l’érudit Mohamed el Hacen Ould Dedew, père spirituel du mouvement des Frères Musulmans en Mauritanie.
Côté Majorité, l’UPR gagne le gros lot malgré la guerre totale qui lui est déclarée, avec 52 députés au premier tour et 29 sièges à conquérir au second tour. Il est suivi du Sursaut avec 4 députés déjà obtenus. Faut-il en déduire que l’UPR sera obligé de chercher à «confectionner» une Majorité gouvernementale. Et dans le cas d’un «gouvernement d’ouverture», APP sera certainement associé.

Al Wiam vise apparemment la présidentielle de 2014, ce qui l’oblige à chercher à occuper – et à bien occuper – le poste de Secrétaire général de l’Institution de l’Opposition démocratique. Le challenge étant pour tous de faire oublier les absents en adoptant un discours radical mais conforme à l’esprit de cette démocratie balbutiante (reconnaissance mutuelle, respect des Institutions, y compris la présidence, capacité de propositions…).