lundi 22 avril 2013

Que veulent les politiques ? (1)

Hier, dimanche 21 avril, trois partis politiques annonçaient leur retrait de la Majorité présidentielle. Il s’agit de : ADIL, le parti créé sous la présidence de Sidi Ould Cheikh Abdallahi et qui a fini par provoquer la chute de celui-ci, le Mouvement pour la Refondation (MPR) créé par le député Kane Hamidou Baba au lendemain de son retrait du Rassemblement des forces démocratiques sous la bannière duquel il avait été élu, et le Renouveau démocratique (RD) de Moustapha Ould Abdeiderrahmane.
Les raisons officielles données à ce retrait sont de l’ordre de la déception du parcours commun. Insistant sur le fait d’avoir intégré la Majorité à la suite d’un accord politique, le communiqué exprime sa déception quant à la ligne suivie par le pouvoir. D’où le retrait. Oralement, notamment dans l’interview que Ould Abdeiderrahmane a accordée à Al Jazeera le soir même, le chef du RD, président actuel du groupe, explique que les engagements pris sur le plan de la lutte contre la gabegie n’ont pas été respectés par les autorités actuelles. Soit. Mais la noblesse de la cause ne peut faire oublier le reste. Tout ce qui fait bouger la scène politique ces jours-ci.
Surtout la probabilité de voir «l’initiative du Président Messaoud aboutir». Il s’agit de ce document élaboré il y a quelques mois par le président de l’Assemblée nationale et proposé comme «solution de sortie de crise». Ce document tourne autour d’une idée principale, c’est du moins la seule que l’ensemble de la classe politique retient : la mise en place d’un gouvernement d’union nationale chargé de préparer des «élections consensuelles».
L’initiative a été lancée par son auteur au lendemain de la conclusion d’accords importants entre une partie de l’opposition dont son parti l’APP, et la Majorité. La mise en œuvre de l’accord était déjà en marche quand, dans un élan de solidarité magnanime, le Président Messaoud Ould Boulkheir s’est rappelé que le processus ainsi entamé allait laisser ses anciens compagnons sur la route du désespoir. Il fallait au plus vite déclencher un autre processus pour leur permettre de s’impliquer dans le jeu politique futur.
Si cela n’aboutissait pas, on dira que le Président Messaoud aura tout essayé pour amener tout le monde vers le consensus. Le mérite existe et permettra certainement d’atténuer les risques ouverts par les choix «consensuels» (dans le sens de «mous») du leader de l’APP. Il aura été la personnalité politique médiane et le seul interface entre les protagonistes d’un jeu politique qui avait atteint ses limites supportables pour les différentes parties. L’opposition radicale aura usé de tout pour faire «dégager» un pouvoir qui n’a rien abandonné pour permettre aux autres acteurs de sauver la face. Rumeurs, coups montés, manipulations, insultes, campagnes médiatiques fallacieuses…, tout a été entrepris pour mobiliser au sein de l’un et l’autre des camps. L’effort fourni par le Président Messaoud répond effectivement à une demande réelle d’apaisement au sein de la société mauritanienne.
Si par contre, l’initiative était adoptée par les différents protagonistes, elle satisferait au moins quelques ambitions. La première est bien sûr ce rôle central qui relancera la position d’un homme, symbole jusque-là d’un combat qui lui échappe à cause de la concurrence de plus en plus rude de quelques autres activistes, prêts eux à aller très loin dans la surenchère pour incarner une cause qu’ils veulent accaparer. C’est un peu si le leader syndicaliste Samory Ould Biye, celui de IRA Birama Ould Abeidi ou l’homme politique Mohamed Ould Bourbouç essayait chacun de s’approprier un héritage, celui du combat pour l’affranchissement d’une importante frange de la société mauritanienne. Ce combat a toujours été incarné par Messaoud Ould Boulkheir, sans réel concurrent. De nouvelles velléités de leadership – plus ou moins légitimes – s’expriment désormais. Pour éviter cette confrontation, le «vieux lion» a choisi de boxer dans la catégorie des «rassembleurs» et non des «militants sectaires»…
Accessoirement, l’initiative permet de retarder aussi les élections législatives et municipales, peut-être de les repousser au-delà de la future présidentielle prévue en 2014. Ce qui donne un sursis à la configuration actuelle : la Majorité reste majorité, le président de l’Assemblée reste à sa place, le chef de file de l’Opposition démocratique reste le même… Qui dit mieux ?
Et pour les autres acteurs ? que représente cette initiative ? C’est ce que nous allons essayer de voir dans les prochains postings.