mercredi 6 juin 2012

Manip ou fausse info ?


Nous avons tous été surpris de lire sur certains sites d’information que le président de l’une des séances plénières de l’Assemblée a mal pris le fait que l’un des députés s’exprime en Pulaar. J’ai entendu – et lu – que «la première fois qu’un député s’exprime dans l’une des langues nationales, a été mal appréciée par le président de la séance, El Arby Ould Jideine, le premier vice-président de la Chambre». Vous avez lu comme moi que «l’intervention en Pulaar suscite un tollé à l’Assemblée». Qu’elle provoque des «tiraillements» au sein de l’Assemblée. Des partis se sont empressés de prendre position sur une discorde qui n’a pas eu lieu.
Le député Sy Samba a intervenu en Pulaar. Le président de séance lui a rappelé qu’il n’y avait pas de traduction disponible. Ce à quoi le député a rétorqué : «Je ne parle pas aux députés et aux membres du gouvernement qui sont là, je veux faire entendre ce que je dis aux populations…»
Prenant la parole à son tour, le député de Zouératt intervient en Pulaar pour, dira-t-il, faire entendre la voix de la majorité par les locuteurs de cette langue. D’autres députés font remarquer que les langues nationales doivent avoir une place dans l’enceinte avant le Français. Comme si chacun des camps voulait prendre à son compte la revendication de parler les langues nationales au Parlement. Mais sans passion.
En fait, la première fois que ce problème a été posé, c’est dans les années 90 avec Kébé Abdoulaye, député de Action pour le Changement (AC). Puis, au début de la présente législature par quelques députés. D’ailleurs, un personnel de traduction dans toutes les langues a été recruté sur financement du NDI (USA), plus tard la GIZ (Allemagne) et enfin sur budget de l’Assemblée. Donc ce n’est pas la «première fois» que le problème est évoqué. Sauf que ce qui s’est passé dimanche ne relevait pas de la polémique, même pas, à plus forte raison de la «bagarre» ou de la «confrontation».
A qui profite tout ça ? Peu importe si l’on se met dans la tête que le mensonge ne peut rien fonder. Même pas une révolution.