vendredi 25 mai 2012

Solidarité gouvernementale


La démission de Seyid Ould Ghaylani du poste de Président de la Cour Suprême et sa nomination comme Ambassadeur, pose de nouveau le problème des relations entre les différents éléments du pouvoir. En effet, la disgrâce de celui dont la nomination a été saluée comme une volonté de faire le ménage dans le département de la Justice, sans état d’âme et avec la volonté affichée de brusquer et de déranger, cette disgrâce serait la conséquence de l’état «défectueux» des relations entre lui et le ministre de la justice. Ce dernier jouant tous les lobbies – tribaux, affairistes, anciens et nouveaux – pour restaurer le système d’avant. On se souvient la réussite partielle de l’entreprise de réhabilitation des Magistrats écartés pour certains, rayés de la fonction pour d’autres, et pourtant nommés lors du dernier Conseil de la Magistrature. Une victoire pour le ministre. Une défaite pour Ould Ghaylani qui ne l’a pas digérée. Depuis, les rapports entre les deux hommes ont atteint un tel degré qu’ils ne s’adressaient plus la parole. La communication entre eux passait par le Président de la République, lui-même. C’est pourquoi le remplacement de Seyid Ould Ghaylani n’a pas surpris. Pas plus que le maintien de Abidine Ould Kheyr au poste de ministre de la justice…
Ce n’est pas le seul «tandem» en guerre au sein de l’équipe du Président. Il suffit de parler à un ministre d’un collègue à lui pour l’entendre le traiter de tous les noms. Pas besoin d’intimité. Chacun semble regarder son voisin du Conseil des ministres comme un dangereux concurrent, voire un ennemi à abattre.
Il y a peu, nous entendions tous parler de cette déconvenue subie par la mission de l’Union pour la République (UPR) à Néma : la mission dirigée par Brahim Ould M’Barek, ministre du développement rural, n’a pas une centaine de personnes au meeting de la capitale du Hodh Echargui. Une zone qui est pourtant le fief du Premier ministre, du ministre de l’hydraulique, de la ministre de la culture, de celle de la condition féminine et j’en passe.  
Selon de nombreuses sources, la mission aurait échoué non pas parce que les populations boudaient l’UPR, mais parce que les collègues du ministre du développement rural ont voulu lui donner la leçon.
Jusque-là, ce n’est pas aussi grave que quand ces animosités interfèrent dans les actions gouvernementales d’envergure. Quand par exemple, tous les conseils interministériels sont l’occasion d’accusations mutuelles et de confrontations fratricides. Quand certains ministres passent outre l’existence d’un Premier ministre pour traiter directement avec la Présidence, sous prétexte de «manque de collaboration du Premier ministère» (sic). Quand, en plus du mépris affiché à celui qui devait être leur chef hiérarchique, certains ministres perturbent l’action gouvernementale.
Quand aussi, la mise en œuvre des programmes est l’opportunité pour les uns de balancer des peaux de bananes sur le chemin des autres. C’est ce qui arrive pour expliquer les insuffisances du programme Emel 2012. Ce qui explique aussi les fuites de documents et d’informations gênantes plus ou moins pour les membres de l’équipe.
Au lieu de se donner la main et de se dire qu’ils sont embarqués dans la même galère, les hauts responsables dépensent plus d’énergie à tirer les uns sur les autres qu’à travailler pour la réussite des programmes.