vendredi 19 juin 2015

Zayed, l’inspiration continue

Le passage du pal-talk virtuel à l’émission de radio lui a très ben réussi, lui qui avait créé un espace libre de discussions sur internet alors qu’il était policier aux Emirats Arabes Unis et qui a lancé son émission «Sahara talk» (saharatuk) sur les ondes de Saharamedias. Il vient d’apparaitre sur le petit écran avec une émission toute neuve, «yawmiyayat Zayed».
Il s’agit d’une chronique quotidienne qui entend mettre en valeur une personne, un métier, une classe, une catégorie… Aujourd’hui, c’est le mendiant Abdallahi qui va permettre à notre Zayed national de faire la lumière sur la mendicité et sur les mendiants.
Vous passez à côté d’eux et si un pincement de cœur vous rappelle le devoir de solidarité, ils vous restent étrangers, comme s’il ne s’agissait pas de personnes dignes de respect. Les voilà au centre de la préoccupation d’un journaliste qui s’est fait un grand nom.
L’émission ouvre sur Zayed et son équipe entrant dans un bidonville de Nouakchott. Il faut chercher et trouver l’invité du jour, le mendiant Abdallahi, un malvoyant qui tourne autour de la Télévision de Mauritanie. Il explique qu’il y a plus à trouver dans ce coin qu’ailleurs. Mais il nie les idées reçues sur les mendiants qui se délimiteraient des domaines et travailleraient de concert. En général, chacun va là où il croit pouvoir recevoir le plus de dons. Ceux qui donnent et qui ont quelque chose à donner sont plutôt à Tevraq Zeina.
Zayed nous fait découvrir les aspects cachés de la vie de Abdallahi qui a grandi dans le Gorgol. Là-bas, il avait eu son handicap à l’âge de 3 ans. Ce qui ne l’a pas empêché d’aller à l’école en même temps que ses copains. Jusqu’à la quatrième année, il avait bénéficié de la complicité d’un enseignant qui l’entourait d’une grande attention. Abdallahi dictait énoncés de problèmes et solutions qu’il trouvait à l’enseignant qui recopiait et corrigeait ensuite. Il l’accompagnait dans son effort lui qui réussissait à passer de classe en classe, se donnant l’impression d’être un élève normal. C’est en cinquième que le nouvel enseignant l’interpelle avec violence : «es-tu aveugle ?». Avant de le renvoyer de la classe.
C’est à Nouakchott, bien plus tard, qu’il apprend qu’il existe un langage pour les malvoyants comme lui. Il apprend alors à l’utiliser. Ce qui lui permet de profiter de multiples formations dont la confection de grillages, de formateur dans certains petits métiers. «Je peux travailler et je ne demande que ça. Mais sans travail, je suis alors obligé de me résoudre à faire appel à la pitié des autres, à la solidarité que nous impose notre religion…»
Mais Abdallahi avoue être polygame. «J’en ai deux, la première est celle qui est prépare présentement le thé, la seconde est chez elle…» Le débat est lancé pour deux minutes entre le journaliste et son invité qui le reçoit dans une baraque prêtée par un bienfaisant quelque part dans le quartier appelé Baçra de Sebakha.
On apprend alors que Abdallahi est aussi un artiste, qu’il fait partie d’un groupe qui dédie son art aux louanges du Prophète (PSL). Le soir venu, le groupe se retrouve chez Abdallahi, au moins deux fois par semaine. Ils jouent de la guitare et du tamtam et chantent les belles poésies à la gloire du Prophète.
A la fin de l’émission, on en sort avec ce sentiment d’être passé plusieurs à côté du plus important que les acteurs qui s’imposent à nous au quotidien. L’idée de l’émission est d’ailleurs celle-là : proposer au public des gens normaux comme invités, comme vedettes… Cela procède de la recherche du vrai, de l’authentique… Dans son quotidien, Abdallahi est plus proche de la réalité des gens que le plus imposant des leaders (politiques, intellectuels…). Il est plus humain. Il est donc plus utile à découvrir.
Le naturel de Zayed aidant, on est facilement interpellé par cette émission qui ne dure pas le temps de vous ennuyer, une émission qui met en scène l’humilité et une certaine image de la dignité