lundi 5 mai 2014

Juste pour rire

J’ai lu ce matin que le Forum national pour la démocratie et l’unité a décidé le boycott de la future présidentielle. Habitué aux titres racolleurs de notre presse électronique, je suis allé directement au communiqué du FNDU pour découvrir qu’à la suite de sa réunion du 3 mai, le Conseil de Suivi et de Concertation du FNDU, le rassemblement «ne se sent pas concerné par les élections présidentielles découlant de l’agenda en cours». Ce n’est pas un boycott au sens politique du terme, c’est juste une déclaration d’intention.
Si l’on veut traduire en langage simple et populaire : «On n’est pas concerné par ce qui se passe ou va se passer». Passé le premier moment de perplexité, je relis le communiqué et je découvre la logique qui soustend sa rédaction : le FNDU «1. Constate que le dialogue amorcé ces dernières semaines se trouve dans une impasse du fait du refus du pouvoir d’accepter toute mention relative à un calendrier consensuel pour l’application des points d’accord éventuels et du fait aussi de son obstination à poursuivre son agenda électoral unilatéral en cours. 2. Affirme que les élections programmées dans le cadre de l’agenda fixant le premier tour des élections présidentielles au 21 juin 2014 ne sont nullement consensuelles et ne sont porteuses d’aucune réponse satisfaisante à la crise politique que traverse le pays. 3. Déclare que le FORUM reste convaincu qu’un dialogue sincère couvrant l’ensemble des préoccupations nationales reste la voie idéale pour aboutir a des élections consensuelles. Il confirme en conséquence sa disponibilité permanente à s’engager dans tout dialogue crédible fonde sur une volonté partagée de recherche d’une solution de sortie de crise servant les intérêts supérieurs de la Nation. 4- Par conséquent le FORUM ne se sent pas concerné par les élections présidentielles découlant de l’agenda en cours». 
Ou l’on a choisi de verser dans la subtilité pour atténuer l’effet de la décision en déclarant juste qu’on n’est «pas concerné». Auquel cas, il faut penser que toutes les portes restent ouvertes dans la mesure où «le FORUM reste convaincu qu’un dialogue sincère couvrant l’ensemble des préoccupations nationales reste la voie idéale pour aboutir à des élections consensuelles». Il faut alors en déduire que même après l’élection présidentielle le dialogue pouvait continuer. Ce qui serait bien possible dans la mesure où le pouvoir pourra saisir l’occasion pour arriver à un accord politique permettant l’ouverture du champ aux partis boycottistes par la dissolution de l’Assemblée nationale et des conseils municipaux en contrepartie de la légitimation de l’élection présidentielle (en tout cas sa non remise en cause). Il faut quand même rappeler qu’à part le Rassemblement des forces démocratiques (RFD), toutes les autres parties sont peu ou pas intéressées (ou pas particulièrement intéressées, trouvez la formule qui vous sied) par la présidentielle. Alors tout est possible.
Si rien ne se cache derrière la formule trouvée par le FNDU, alors il faut juste en rire en ce 5 mai, journée internationale du rire. Dans un pays où le recul de la joie a eu plus d’effets négatifs que toutes les sécheresses réunies, que toutes les prédations, que toutes les opérations de sape perpétrées par ses fils, dans ce pays, le salut peut venir de la réhabilitation du rire et de la joie.
Quand on pense à tout le chemin parcouru depuis le Front démocratique uni pour le changement (FDUC), en passant le Front des partis d’opposition (FPO), la Coalition des forces du changement démocratiques (CFCD)… à tous ces acronymes qui ont finalement donné le FNDU pour un jeu de rôles dont les acteurs sont restés les mêmes, les méthodes les mêmes, les discours les mêmes, les outils les mêmes, pour une alternance qui est restée au niveau des lettres de l'acronyme (alternance consonantique avec un R qui remplace un S dans le cas du PRDS, un U un C ou un D un U)… 
Comme pour la sécheresse, il y a eu un phénomène de cycles qui s’est traduit tantôt par la participation engageant une reconnaissance de fait du pouvoir, tantôt le boycott avec l’affirmation du rejet de la légitimité de ce pouvoir qu’on finit par supplier d’aller au dialogue après avoir exigé son départ et sans le rapport de force à même d’imposer sa volonté.

Il faut juste en rire.