mercredi 1 janvier 2014

La nouvelle année

2011… 2012… 2013… et maintenant 2013. Je choisis de vous faire relire quelques passages d’écrits postés ici. Le 31 décembre 2011 : «Une année de plus est passée. Les années s’égrènent, une à une sans qu’on se rende compte que nous perdons un temps précieux.
La politique reste l’occupation première de l’élite mauritanienne. Elle le restera tant qu’elle est une source de revenu, de sécurisation de carrière et de promotion sociale. Les pratiques PRDS (parti-Etat, 1991-2005) ont fait que 98% de l’élite ont trouvé dans l’exercice de la politique la voix la plus aisée et la plus courte pour gravir les échelons, accumuler les biens et profiter de l’impunité ambiante. La politique est devenue un exercice permanent d’indignité et de mensonges. Sans risques pour ses auteurs.
Le jeu politique reste un exercice pour les plus doués dans l’irrespect du code de la route et autres réglementations sociales. Ceux qui clignotent à gauche et virent à droite. Ceux qui ont toujours un objectif déclaré, un objectif caché et un autre qui leur permet de ne jamais être stable dans le positionnement, ni constant dans les engagements.
L’école est toujours un dépotoir social, une sorte de fabrique de la nullité à ciel ouvert. C’est vraiment le Mal, avec un grand M. Et parce que l’ascension professionnelle et la promotion sociale ne sont pas le fruit d’un effort particulier, encore moins la conséquence de qualités particulièrement positives, l’école fournit la médiocrité ambiante et la cultive.
Malgré la multiplication des festivals, des émissions spécialisées dans la promotion de la musique ou de la poésie, malgré toutes les gesticulations, nous ne retrouvons pas le chemin de la prospérité, de la créativité et du rayonnement. Le «recul de la joie» - c’est comme ça qu’un ami à moi appelle la tristesse ambiante et qui est la cause, selon lui, de nos déboires – règne toujours, faisant de nous l’un des peuples les plus constipés sur terre. L’expression du bonheur est une condition de l’accomplissement individuelle et commun. Le Mauritanien n’est jamais satisfait et ne fait rien pour l’être…
Pas la peine de parler d’économie, de la fracture sociale, de la menace sécuritaire, de l’administration… cela nous attristera encore plus. Alors que nous sommes déjà trop tristes».
Le 1er janvier 2012 : «Je sais… je sais… j’ai appelé ainsi l’année 2003 et toutes celles qui l’ont suivie. Sous nos cieux, toutes les années sont celles du dragon (‘aam elghoul). Une manière de dire la fragilité d’un pays qui se cherche, un pays qui n’en finit pas de se chercher et qui n’arrive pas à se retrouver. D’une société émiettée et déstructurée qui n’arrive pas à réhabiliter ses valeurs originelles tout en refusant de s’adapter au monde auquel elle est sensée appartenir.
Le grand évènement de l’année 2012 aura été cet accident malheureux dont a été victime le Président de la République le 13 octobre dernier. Malheureux pour ce qu’il a failli causer – la mort du Président en exercice -, mais aussi pour ce qu’il a causé de …dommages collatéraux.
L’accident, comme tout accident du genre, nous a révélé quelques-uns de nos défauts les plus prononcés. D’abord la propension au mensonge et la décrédibilisation de la vérité. Ensuite la vacuité du discours politique qui se trouve réduit à son expression la plus triviale. Enfin la méchanceté – parfois gratuite si ce n’est pas souvent – des protagonistes.
L’accident a aussi révélé que le pays pouvait fonctionner normalement malgré l’absence du chef qu’on qualifiait d’absolu, que le système est assez consistant pour fonctionner dans les pires des conditions et que la population n’est pas prête à suivre tous les «appels d’air» qui se créent avec vocation d’aspirer le pays et de l’entraîner au milieu d’un tourbillon.
Les ennemis du régime auront tout essayé pendant cette épreuve, mais rien n’a été ébranlé. Quelles leçons faut-il en tirer ?
Il faut adopter une approche plus raisonnée, plus réfléchie, finalement plus politique pour permettre à la Mauritanie d’affermir le processus démocratique et de renforcer l’Etat de droit. Pas travailler continuellement et inlassablement pour conquérir un pouvoir dont on ne saura pas quoi faire le jour où il vous échoit entre les mains».
Retour sur les souhaits en 2012 pour les renouveler, comme je l’ai fait en 2013, pour 2014 :
«Que 2014 soit pour nous la fin d’un monde fait de paresses, d’injustices, d’inégalités, d’ignorance…
Que 2014 soit le début véritable des refondations. Refondation mentale. Au niveau de l’Appareil de l’Etat, au niveau des populations où l’on a besoin de recouvrer notre système de valeurs, de retrouver nos réflexes de solidarité, de réactiver les soupapes sociales de sécurité, d’ouvrir les vannes du partage, de reprendre le sourire les uns face aux autres…
Refondation d’un Etat de droit avec le respect des institutions, des lois et textes réglementaires. Une justice plus forte, plus impersonnelle pour mettre fin à la règle de l’impunité. Une école plus performante pour former le Mauritanien de demain (celui d’aujourd’hui est un peu perdu pour nous). Une santé de proximité. Une administration plus soignée, plus efficace, plus convaincante… Une classe politique plus exigeante pour elle-même, plus engagée, plus claire dans ses engagements, plus forte dans ses choix… Un gouvernement plus à l’écoute des gémissements, plus proche du peuple… Un débat plus serein… Une économie plus dynamique… Une société plus créative…»