mardi 24 avril 2012

De l’action et non de la réaction


J’ai été invité hier par les gens de l’Union pour la République (UPR) à une cérémonie que je croyais l’occasion de débats. A l’image de ce qui s’était passé avec les Islamistes de Tawaçoul la semaine dernière. Comme la direction du parti au pouvoir est sortante de cette école politique, j’avais cru qu’on aurait droit à la même ouverture. Je me trompais…
En fait, il s’agissait d’une cérémonie de lancement des missions devant aller à l’intérieur «porter la bonne parole». Tous les ministres et cadres de la haute administration étaient là. C’est Mohamed Mahmoud Ould Mohamed Lemine, le président du parti qui a fait un discours à l’occasion. Les aspects politiques du discours, ont été noyés dans une littérature plutôt «aiguisée», celle que nos groupuscules politiques adorent utiliser. Une littérature qu’on retrouve actuellement dans tous les discours et qui a la particularité de prétendre au complot, aux traitres, aux ennemis de la Nation, à ce qui reste (in)traductible comme le concept «murjivvine»… Finalement, les mêmes litanies que le camp d’en face.
Dommage pour Ould Mohamed Lemine, un homme de consensus au sein d’un chaos où l’on cherche à reproduire les réflexes du passé. L’UPR n’arrive pas à se libérer du poids de la pratique politique ancienne. Il n’arrive pas à développer un discours et une stratégie propres. Et, pour simplifier, je dirai qu’il vit, comme toute la Majorité, aux dépens du Président Ould Abdel Aziz. Ils bouffent jusqu’à présent sur l’actif de l’homme. Sans lui apporter grand-chose. C’est bien ici qu’il faut situer la faiblesse majeure du pouvoir actuel.
Chaque cycle d’objection et d’opposition – nous vivons l’activité et le positionnement politique comme des cycles, souvent contradictoires -, oblige le Président de la République à sortir lui-même de sa réserve, à occuper l’arène.
La bataille ne se situe pas au niveau de la mise en valeur des acquis de la première moitié du mandat de Ould Abdel Aziz. Parce que ceux qui appellent à son départ, s’en foutent pas mal. Parce que les populations elles-mêmes voient ce qui est fait et en profitent. TVM et Radio Mauritanie sont suffisants comme outils de propagande pour les réalisations à mettre en exergue.
Le débat, au niveau des partis politiques, doit être celui des projets, des visions, des positionnements…
Dans notre pays, nous avons besoin de voir nos partis militer, travailler pour la promotion de l’égalité et de la citoyenneté. Nous avons des partis qui instituent des aristocraties qui viennent se superposer à celles déjà existantes (et déjà pesantes). Nous avons besoin de partis qui nous proposent des solutions d’avenir, pour entrer dans le Modernisme. Nous avons des partis qui perpétuent le flou artistique qui leur permet d’évoluer sans mérite. Nous avons besoin de partis visant à raffermir la démocratie, à mettre fin à l’autorité des intermédiaires devenus «grands électeurs». Nous avons des partis qui s’empressent de récupérer les chefs politiques et notables traditionnels selon la même logique électoraliste…
A mi-mandat, le Président Ould Abdel Aziz a certes besoin de se relancer, d’asseoir un système qui peut réellement le servir, et surtout l’accompagner. L’opportunité ouverte par la mise en œuvre des résultats du dialogue va lui permettre quelques refondations nécessaires.
Nous avons désormais les élections législatives et communales en perspective. Espérons que cela oblige notre classe politique à s’inscrire dans cette dynamique politique constructive. Au lieu d’en rester à demander le départ d’un élu qui est à mi-mandat ou à vouloir maintenir un statu quo qui lasse…