lundi 18 juin 2012

Le foot mauritanien ? ça existe


On n’a pas l’habitude de parler du foot chez nous. Notre querelle avec ce sport «noble» est depuis longtemps consommée. Mais il arrive que vous découvrez quelque chose qui relance en vous ce «fanatisme» qui caractérise les grands supporters…
Je viens d’apprendre que Dominique Da Silva, ce joueur d’Al Ahli, est un Mauritanien. Il y a quelque temps la presse locale en avait parlé à l’occasion d’une rencontre qu’il avait eu avec le nouveau président de la fédération de foot de Mauritanie (FFRIM). Cela m’avait un peu dépité parce que je pensais qu’il s’agissait d’un des «survivants» du mercenariat d’il y a quelques années, quand la fédération avait loué les services d’étrangers pour venir jouer sous les couleurs nationales, moyennant des passeports mauritaniens.
En fait, Dominique est le fils d’une famille de Nouakchott, qu’on désignait ici comme «bartougaize», Portugais pour rappeler leurs origines lusophones. Etabli en Mauritanie depuis très longtemps, cette famille a vu naître ses enfants dont Dominique à Nouakchott. C’est ici qu’il a grandi et c’est ici qu’il a tout appris. Rien ne le distingue d’un jeune nouakchottois des médinas. Ni la langue, ni la religion, ni les occupations encore moins le sentiment d’appartenance.
Dominique a commencé très tôt à jouer au foot et à marquer. Il a impressionné lors de plusieurs rencontres internationales. Ce qui lui a valu d’être sollicité ailleurs. En Tunisie où il ne put rester parce qu’il n’arrivait pas à établir son passeport mauritanien. Transféré en Egypte où l’Ahli a payé la somme de 800.000 euros pour l’avoir (ce serait le record d’Afrique), le Mauritanien a été obligé de prendre un passeport sénégalais. Mais les règlements de la FIFA lui interdisent de jouer ailleurs que dans l’équipe nationale de Mauritanie qu’il a déjà brillamment servie.
Je raconte l’histoire de Dominique parce qu’elle est surprenante et parce qu’il lui faut trouver une solution. Je la raconte aussi pour dire qu’ils sont près d’une centaine de Mauritaniens à évoluer, et plutôt bien, dans les championnats européens, maghrébins et africains. Que ceux-là peuvent constituer un noyau pour former l’équipe nationale future, celle sur laquelle travaillent les membres du bureau élu il y a moins d’un an.
Quand le nouveau bureau a pris fonction, l’équipe nationale était interdite pour les compétitions de la CAF, au moins pour les deux prochaines CAN. L’interdiction a été levée après âpres discussions. Elle risquait aussi de se voir inscrite sur la liste noire de la FIFA parce qu’elle avait décliné l’invitation de participer aux éliminatoires de la coupe de 2014. Cette coupe est la première où la FIFA paye aux équipes nationales la coquette somme de 500.000$ pour couvrir les frais de participation. Cette participation entièrement prise en charge a été déclinée par l’ancien bureau. Et la FIFA menaçait de suspendre toutes les subventions dont la moins importante est celle qui couvre la formation et qui de 250.000$ par an. Heureusement que la FIFA est revenue à de meilleurs sentiments et qu’elle recommence à financer des projets essentiels, notamment deux projets Goal pour cette année.
Ce qui a permis d’aider les clubs locaux. Ainsi donc 14 clubs représentant 7 régions du pays, ont participé cette année au championnat de première division. Ils sont 16 pour la seconde. La coupe nationale est aujourd’hui dans les phases de demies-finales, la finale étant prévue le 7 juillet prochain. La présence du Président de la République est attendue. Signalons que cette coupe sera retransmise en direct par TVM, mais aussi Nessma TV (télévision du Maghreb basée en Tunisie) et BFM du Sénégal.
Le foot reprend donc des «couleurs». Tant mieux quand on sait que c’est bien sur un terrain et derrière une équipe que l’unité citoyenne se fait, que se fonde le sentiment patriotique. Encore faut-il que l’on soit fier des prestations de ceux que l’on soutient et qui nous représentent. Mais on sait que quand on veut, on peut.