dimanche 18 mai 2014

Staff de campagne

Le candidat Mohamed Ould Abdel Aziz a nommé son staff de campagne. La campagne nationale sera dirigée par Sidi Ould Salem, ancien ministre des finances du gouvernement d’union nationale de juillet 2009. Cadre du Rassemblement des forces démocratiques qu’il a quitté momentanément en 2004, avant d’y revenir comme beaucoup d’autres au lendemain du coup d’Etat du 3 août 2005, Ould Salem est connu pour son activisme dans la jeunesse opposante au régime de Ould Taya dans les années 90 et 2000. Sans appartenir au Mouvement des démocrates indépendants (MDI), il a longtemps flirté avec cette jeunesse libérale et laïque. Ses tendances profondément religieuses sont certainement à l’origine de sa réserve vis-à-vis du groupe. On lui retient aussi son militantisme anti-esclavagiste dans le Nord dont il est originaire (FDérick, Zouérate, Atar). C’est surtout son passage à la direction de la SOCOGIM qui lui a valu certaines suspicions de malversations de la part de ses détracteurs. A l’époque, ses proches accusaient les généraux d’avoir orchestré la machination qui avait abouti au passage fortement médiatisé de l’Inspection générale à la SOCOGIM.
Lemrabott Sidi Mahmoud Ould Cheikh Ahmed, ministre de l’intérieur de Ould Taya au moment du coup d’Eta d’août 2005, seconde Ould Salem à la direction nationale de campagne. Administrateur chevronné, commis de l’Etat, homme ouvert aux politiques, Ould Cheikh Ahmed a ses réseaux et sa connaissance du terrain qui sera d’une grande utilité à ce moment précis de l’histoire du pays. Il est chargé de la coordination générale de la campagne.
Nani Ould Chrouqa, actuel ministre des pêches et chargé des opérations électorales, est choisi pour ses compétences techniques informatiques. Directeur de cabinet du Premier ministre Zeine Ould Zeidane, il a été président de l’Autorité de régulation, poste qui a été pour lui l’occasion de révolutionner le secteur.
Ba Ousmane, actuel ministre de l’éducation, longtemps ministre secrétaire général du gouvernement, est bien indiqué pour s’occuper du matériel. Le notable politique, alerte et adroit, fait donc partie de la direction de campagne du Président sortant.
Mout’ha Mint el Haj dirige les relations extérieures de la campagne. Professeur de son état, Mint El Haj a gravi les échelons de l’activité politique, elle qui est née dans un milieu cosmopolite et ouvert. Ce sont surtout ces atouts-là qui lui serviront dans sa nouvelle mission à 100% politique.
Sidi Ould Tah, ministre des affaires économiques et du développement, est désigné pour diriger la campagne de Nouakchott. Il aura à relever le défi du taux de participation dans une ville naturellement «indifférente» sinon opposante au pouvoir en place.
Les autres membres du directoire de campagne sont moins connus ou ont moins d’expérience si l’on excepte l’ancien député d’Aleg, Hussein Ould Ahmed el Hady.
Avec cette nomination du staff de campagne la probabilité d’un report des élections s’éloigne définitivement. D’ailleurs, même si elle est fortement médiatisée, elle reste peu probable. A quoi cela sert un report ? Ceux du FNDU ne participeront pas de toutes les façons, quelles que soient les concessions. Parce que les partis politiques n’y ont pas intérêt et parce qu’il sera difficile pour le rassemblement de survivre à une telle décision (celle de participer). Le président Messaoud Ould Boulkheir ne peut plus – moralement du moins – se présenter lui qui dirige le Conseil économique et social où il a été nommé par décret présidentiel.
L’idée d’«élections consensuelles» relève de situations exceptionnelles, alors que le pays a quand même fait du chemin sur la voie de la démocratisation. Toute concession à cette opposition incapable d’apprécier les situations à leur juste valeur, peut être perçue comme une sorte de «prime à l’agitation» et ne peut en aucun servir la démocratie qui est d’abord l’expression d’un rapport de force où les protagonistes doivent accepter les règles tout en cherchant à les améliorer.
Par contre, si les élections présidentielles se déroulent, rien n’empêche les autorités d’engager de nouveaux pourparlers qui auront alors pour but d’ouvrir le jeu à tout le monde en reprenant les élections locales et en désignant de nouvelles instances pour superviser les opérations électorales. Tout le monde y trouvera son compte : le pouvoir en dépassant la crise de reconnaissance, l’opposition radicale en s’ouvrant à nouveau les portes de l’Assemblée et des conseils municipaux.