lundi 20 février 2012

L’emploi dans tous ses états


On va certainement vous parler – peut-être pendant quelques jours et quelques nuits – de ce forum organisé par l’une des fédérations du patronat. Sur tous les angles, on va vous le présenter. C’est certes un évènement majeur.
Mais pour qu’il ne soit pas un «tapage majeur», il faut bien qu’il ait des suites immédiates. Il faut par exemple nous dire si des recrutements nouveaux vont se faire dans l’immédiat. Je ne parle pas des perspectives d’emplois de Tasiast, MCM ou de la SNIM, perspectives annoncées bien avant et dont l’effectivité est avérée. Je parle de l’emploi au niveau des entreprises privées nationales…
Il est facile de remarquer qu’en visitant un stand de quelques-unes de ces entreprises, on est, quand on connait le pays et ses habitants, frappé par la proximité parentale entre les employés présents et le patron de l’entreprise. Chacun visiblement ne trouvant à recruter que dans son microcosme tribal. De «grands» groupes exposants souffrent de cela. La tribalisation à ce niveau aurait pu être évitée si la politique n’était pas passée par là.
Du temps du PRDS, on demandait aux hommes d’affaires ce qu’on demandait aux promus de l’administration : faire le plein des urnes par tous les moyens et en contrepartie de l’absolution de tous les devoirs (douanes, impôts, comptabilité transparente…). A chaque échéance, nous voyions les patrons dépenser des centaines de millions dans les campagnes. Sommes qui se transformeront en milliards en termes de marchés de gré à gré, de réformes de patrimoine de l’Etat, de cession de biens publics, d’exemptions de toutes sortes… C’est comme ça que la collision entre le monde des affaires et celui du politique a été réalisée. On ne savait plus qui était qui, qui faisait quoi et qui travaillait pour qui.
C’est une époque qui doit être révolue. Nous avions espéré voir cet aspect mis en avant par la promotion de la compétence, de l’expertise. Qu’on nous dise que nos opérateurs économiques s’engagent à promouvoir plutôt la qualité et non la parenté. Et, comme le font les sociétés minières (la SNIM, Tasiast, MCM…), nous dire : «nous engageons dans l’immédiat les profils suivants» et nous les indiquer.
Dans les années 2000, le patronat dirigé alors par Mohamed Ould Bouamatou, avait lancé l’opération «Emploi de 1000 jeunes». Le recrutement avait été précédé par un stage-formation des intéressés (stages rémunérés). Avant d’être casés pour la plupart. Nombre d’entre les diplômés insérés à l’époque ont su se frayer une belle carrière dans les institutions où ils avaient été recrutés. Tout le monde y trouvant son compte : les diplômés pour avoir trouvé un emploi, les entreprises pour avoir trouvé une expertise sans complaisance, la société en résorbant le chômage au niveau des diplômés… C’est d’une initiative pareille que nous avons besoin aujourd’hui que le chômage des jeunes est une vraie problématique du développement et de la stabilité. Nous avons besoin aussi comment nous pouvons (re)former nos diplômés en vue d’une adéquation avec le marché du travail. Comment reconvertir tous ces littéraires, philosophes, économistes (théoriciens)… en techniciens supérieurs, en ingénieurs… pour répondre à la forte demande du marché des miniers ?
C’est pour cela que la manifestation de lundi ne doit pas rester au stade du «m’as-tu-visme».