vendredi 3 mai 2013

Tendegsemi, ce lieu qui interpelle


Ici gît quelqu’un que j’ai aimé… M’Barka, ma tante qui a été plus qu’une mère pour moi… Le souvenir de cet être m’habite toujours. A des moments plus que d’autres, dans des lieux plus que d’autres…
Elle repose ici au milieu de ceux qu’elle a aimés… tous rassemblés autour de l’Emir Mohamed Fall Ould Oumeïr qui avait demandé à être inhumé auprès de son chef spirituel, Lemrabott Mohamed Salem Ould Elouman… Pour inscrire cette relation dans le chapitre de l’éternité… Les deux hommes étaient liés. Très liés.
On raconte que quand l’Emir revint du Maroc, il rendit visite à son Shaykh avec lequel il s’entretint près de trois heures durant. Les gendarmes qui surveillaient l’homme voulurent savoir de quoi ils ont parlé. Lemrabott devait déclarer : «Vous savez, je ne me souviens pas un moment où, tous les deux nous avons parlé des choses ici-bas…»
L’école d’Ehl Elouman, très prestigieuse dans l’aire Bidhâne pour l’excellence des savoirs qui y sont dispensés, a eu le grand rôle dans la revivification du fiqh originel (el ouçoul) dans cette partie de l’espace sahélo-saharien. Aussi dans le renforcement de l’influence de la Chadhiliya, l’une des confréries qui ont rayonné sur cet espace contribuant à ancrer et à populariser la culture islamique.
L’Emir, révolutionnaire de gauche, a trouvé en cet homme une inspiration et un soutien qu’il a voulu consacrer à jamais en choisissant de faire de Tendegsemi une dernière demeure. Il a été rejoint par ceux qui l’ont aimé : sa mère Meryem Mint Sidi Moyla, ses sœurs Fatimetou Mint El Hacen et Toutou Mint Ahmed Ledeyd, son frères Sidi Ould Ahmed Ledeyd, M’Barka Mint Boubacar Ciré, Aïcha Mint N’Djiaak, Mohamed Val Ould Boubacar Ciré, Mohamed Ould Brahim Khlil, Sidi Ould Jelledi, Marième Mint Salem Ould Ahmed Lembarek… qu’Allah les agrée tous en son Saint Paradis.
Une petite colonie, un morceau du Mahçar bien incrusté au milieu d’une très grande aura, celle de cette famille qui semble avoir adopté et entouré de sa bienveillance cette Jema’a.
On ne guérit pas de l’enfance, a dit quelqu’un. Difficilement en tout cas. Ici, c’est un grand voyage intérieur qui provoque chez moi une profonde introspection sur la vie, sur le rapport à la mort. Les tombes de ceux qui sont là, ceux que j’ai connus et aimés, m’enseignent que nos ainés savaient préparer leur mort pour en faire une étape de la vie. Ultime accomplissement.