lundi 5 mars 2012

De la dictature à la partition


Les évènements de Libye viennent nous rappeler la justesse de ce qui a été dit au moment où l’OTAN, poussé par la volonté guerrière exceptionnelle de la France de Sarkozy, bombardait les forces de Kadhafi pour, selon le premier prétexte «protéger des populations en danger», et selon une seconde version «mettre fin à la dictature en permettant aux insurgés d’arriver à Tripoli».
D’une part, une Libye qui n’arrive pas à se relever et à trouver la voie. On se dira toujours que l’exercice d’une folle gouvernance qui aura duré 42 ans a laissé des traces indélébiles. Dont la plus dangereuse est l’inexistence d’un Etat. Ce qui a favorisé la tribalisation extrême de la société. D’où ces factions qui refusent de déposer les armes et qui, pour certains, se font déjà la guerre.
Dans ce foisonnement tribal, la seule structure militaire organisée reste celle issu du mouvement salafiste. La même qui a alimenté les polémiques avec la prise de Tripoli par Abdel Kerim Belhadj, ancien d’Afghanistan et frère de Abu Yahya Alliby, l’une des figures prépondérante d’Al Qaeda, un moment pressenti pour succéder à Ben Laden. Depuis la «libération», Tripoli et Benghazi sont une destination prisée des idéologues du mouvement salafiste dans toute la sous-région. On n’a pas fini d’en parler…
Parmi les dommages collatéraux dont on voit déjà les développements des évènements de Libye, le retour massif de combattants à leurs pays d’origine (Mali, Niger) et l’instabilité qui s’en suivit. La rébellion au nord du Mali a certes ses justifications, mais sa cause directe est bien le désastre libyen.
Il faut parler de désastre dans la mesure où le pays mettra longtemps à se relever des décombres. Matériellement, les infrastructures et une partie des potentialités ont été détruites. La partie «sauvée» ou «épargnée» (pétrole) servira à «rembourser» l’effort de guerre des puissances ayant participé à la campagne de Libye.
…Une partie des dignitaires de Benghazi vient de revendiquer l’autonomie pour la Cyrénaïque. Demain ce sera la Tripolitaine, puis le Fezzan… Dans un désordre qui permettra toutes les dérives, y compris celle de voir s’embraser toute la zone saharienne avec des extensions sur le Sahel et même sur l’espace méditerranéen.
Ni Bernard-Henri Levy (B-HL, pour les intimes) ni Nicholas Sarkozy ne seront là pour réparer cassures et désordres, pour remettre de l’ordre dans le chao ainsi provoqué.