lundi 22 octobre 2012

A quelque chose malheur est bon


L’accident dont le Président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz a été victime est la conséquence première d’un comportement qui fait fi des impératifs sécuritaires et qui fait oublier que la personnalité de Président de la République n’a pas le droit de s’exposer aux risques. Rien que parce que les risques qu’il court, il les fait courir à l’ensemble de la Nation. Nous espérons que la leçon sera tirée.
Cet accident a révélé deux choses fondamentales à mon avis. La première est liée à l’attitude des protagonistes politiques qu’on croyait définitivement installés dans une posture de forte inimité. Avec le discours qui prévalait sur scène, on avait fini par croire que la classe politique mauritanienne avait perdu le fondamental sens de la mesure et de l’abnégation. L’élan de solidarité exprimée vis-à-vis du Président et la suspension de la plupart des activités politiques, nous enseignent qu’un fonds de Mauritanie reste. Qu’il est prêt à affleurer si l’occasion se présente.
Ce fonds de Mauritanie, c’est ce qui doit faire qu’une convergence soit possible, que les acteurs puissent s’entendre sur l’essentiel qui est celui de préserver la stabilité du pays, son intégrité et la bonne marche de ses Institutions. En adoptant une posture conciliante, notre personnel politique s’est «trahi» en révélant «sa» vérité : pas de haine profonde…
Au lendemain de l’accident, dimanche matin, la vie se déroulait normalement dans tout le pays. Nous sommes dans un pays où la vendeuse du coin, le journaliste d’à côté, le charretier, le professeur, l’avocat… où tout un chacun se comporte comme si sa vie, son travail, sa mission étaient liés à la présence du chef de l’Etat. Quand un évènement intervient au niveau de la présidence, tout le pays reste suspendu, comme si rien ne pouvait tourner en l’absence du Président. Chaque fois que le Président fait un voyage, c’est toute la République qui hiberne.
Au lendemain de l’accident, la vie a donc repris normalement. Ceux qui avaient un séminaire à ouvrir ou à clôturer l’ont fait. Les bureaux étaient ouverts et leurs occupants présents. Rien n’a changé. D’ailleurs, on a évité tout déploiement sécuritaire qui pouvait signifier qu’il existait un quelconque risque de dérapage.
Les deux attitudes sont heureuses. La première – l’élan de sympathie exprimée – parce qu’elle ouvre la voie à la relance d’un front intérieur à un moment où pointent les risques d’une guerre annoncée à nos frontières et où la cohésion intérieure est le seul rempart devant les menaces qui en naissent.
La seconde parce qu’elle indique que l’Etat n’est pas lié à un homme d’une part et d’autre part que, contrairement à ce que nous soutenons parfois, il y a bien un système qui permet d’assurer la stabilité pour le pays et la continuité pour son administration.
Même si l’on doit rappeler qu’il s’agit d’un précédent grave, le tir sur le Président, même par erreur, signe la fin d’une époque. On peut espérer en effet, un autre rapport à la fonction. Un rapport qui trouverait l’équilibre entre une attitude distante des populations et une autre qui peut être assimilée à la banalisation de la fonction. On peut espérer aussi qu’elle donne le coup d’envoi à un rapprochement entre les acteurs qui ne sont finalement pas des ennemis mais des partenaires différents.
Le retour espéré pour les jours qui viennent du Président de la République doit prendre la forme d’une rupture avec le train de vie des jours d’avant. Il doit y avoir un avant et un après.