mercredi 23 novembre 2011

Education encore


Autour d’un thé à La Tribune, une discussion sur l’éducation. Quelqu’un avait développé l’idée que nous sommes tous responsables de l’état actuel de notre école. En disant que l’élite a préféré envoyer ses enfants dans le privé, ce qui a accentué le désintérêt et la désaffection pour le public. Cela a commencé au début des années 80 quand les premiers responsables ont commencé à envoyer leurs enfants à l’école française, suivis par les patrons, puis par la classe moyenne qui n’avait que les moyens de payer les écoles privées mauritaniennes de plus en plus nombreuses et de moins en moins performantes.
A mon avis cela participe à cette attitude globale qui est au fond une répétition du rejet que nos grands-parents avaient face à l’administration coloniale. Une attitude qui exprime l’absence de foi dans tout ce qui vient de l’Etat. Où est le politique qui fait référence aujourd’hui aux données ou aux chiffres officiels ? Où est le journaliste qui va sur le site du trésor public pour prendre l’information financière à la source ? Où est le cadre, l’homme d’affaires qui envoie ses enfants dans les écoles publiques ?
On oppose que c’est la qualité de ce service public qui dicte ce choix : «Vous n’allez pas choisir pour vos enfants le pire des cadres pour les former». Et de mettre tout sur le compte de la mauvaise gestion des pouvoirs mauritaniens. C’est raisonnable parce que tout relève de la responsabilité du pouvoir en place.
La poursuite de la discussion – modérée par l’ancien ministre Ely Ould Allaf – nous a permis de rappeler qu’à la base il faut rendre à l’école sa vocation de moule formateur de citoyens de demain. Avec le sens de l’intérêt public, du dévouement pour la Nation, de la culture du civisme… Ensuite réhabiliter la mission de formation d’une élite capable de se prendre en charge et de faire tourner le pays. Ce souci de la qualité doit évidemment remplacer celui de la quantité dictée par la «notion de justice» par la recherche de la scolarisation pour tous. Il faut surtout prendre en compte les choix économiques du pays et la demande sur le marché du travail. Nous sommes un pays à ambition minière, pourquoi ne pas orienter la formation vers ce secteur dès à présent ?
Le dernier souci doit être celui de la justice et de l’équité. L’école doit promouvoir l’égalité des citoyens, réhabiliter le mérite… pour cela mettre côte à côte enfants de tous les milieux sociaux, de toutes les composantes…
Espérons que la commission en place pour préparer d’éventuels états généraux de l’éducation, comprenne qu’elle n’est pas obligée d’organiser de telles assises et qu’elle rappelle à tous que la réforme de 1999 doit être améliorée pour être réellement mise en œuvre.