samedi 30 juillet 2011

Troublants confrères

C’est le titre d’un site d’information de chez nous qui a attiré mon attention. Il disait que la «presse malienne» a révélé que l’Armée mauritanienne ne combattrait pas AQMI sur son territoire mais des rebelles qui seraient financés par Moawiya Ould Sid’Ahmed Taya. Je suis donc allé sur Maliweb chercher la source de l’information. Je suis tombé sur un posting daté du 27 juillet 2011 signé d’un certain Baba Ould. et qui serait paru dans le Combat, un journal quelconque du Mali. Le titre : «Troublantes révélations sur les incursions mauritaniennes au Mali : Ould Abdel Aziz a piégé ATT selon la presse Mauritanienne». On peut y lire : «Nos sources sont formelles, il existe une rébellion en Mauritanie qui serait soutenue par le Président renversé par un coup d’Etat militaire le 3 août 2005, Maaouiya Ould Taya. Ces rebelles mauritaniens se réfugient souvent sur le territoire malien comme les rebelles du Mali aussi se réfugiaient en Algérie ou en Mauritanie». Et de poursuivre : «Les agissements de l’armée mauritanienne sur le territoire malien sous prétexte de lutter contre AQMI n’est donc pas une guerre contre le réseau islamiste, mais plutôt la volonté du pouvoir de Nouakchott d’anéantir totalement le mouvement rebelle auquel il fait face depuis un certain temps. La preuve, c’est que la plupart des éléments d’AQMI interpellés par l’armée malienne ont la nationalité mauritanienne. Et puis, pourquoi AQMI attaque les positions de l’armée mauritanienne et non celles de l’armée malienne ou nigérienne ?» 
Qui croire dans ce cas, les organes mauritaniens ayant fait référence à leurs confrères maliens ou l’inverse ? Vous vous souvenez certainement d’une fameuse lettre adressée soi-disant par Nelson Mandela aux insoumis de Saahet ettahrir au Caire au beau milieu de la révolution égyptienne. On en a tellement parlé que certains analystes ont fini par l’intégrer dans les facteurs de réussite de la révolution. Une lettre du symbole de la lutte pacifique contemporaine, incarnation du Mahatma, ça pèse.
Cela finit par arriver à Mandela qui exprime sa surprise, n’ayant jamais envoyé une telle lettre. Choqués, quelques chercheurs égyptiens commencent une enquête autour de la lettre qui leur parait une manipulation de la part des manifestants. Après enquête, ils retrouvent l’origine de la lettre en… Mauritanie. Le premier qui a fait état d’un tel document est un site mauritanien. Comme quoi…
La méthode utilisée jusque-là par certains de nos confrères, était de passer une information à un journal extérieur, de la reprendre en le citant, ce qui lui donnerait plus de crédit. Il y a des spécialistes de cela parmi nous. L’information est alors reprise par des parlementaires et devient «officielle». Mort à celui qui voudra la contredire. On n’arrête pas la rumeur.