dimanche 14 octobre 2012

Le Président va mieux


Pour une première c’en était une : hier, samedi, en fin d’après-midi, la voiture du Président de la République qui revenait d’une sortie dans le désert, est l’objet d’un tir d’une patrouille militaire dans les environs de Toueyla (trentaine de kilomètres au nord de Nouakchott). C’est la version donnée par le ministre de la communication qui fait foi dans la mesure où aucun crédit ne peut être accordé à tout ce qui se dit. Notamment sur l’éventualité d’un acte délibéré visant la personnalité du Président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz.
Tout ce qui lie l’accident à une entreprise terroriste aurait été immédiatement exploité par les autorités qui se verraient alors à l’avant-garde de la lutte contre le phénomène et subissant pour cela l’ire des combattants. C’est pourquoi la thèse de l’accident parait la plus probable.
Au-delà du fait de savoir ce qui s’est passé exactement, c’est la santé du Président de la République qui importe en ces heures. Pas seulement pour les raisons humanitaires et affectives que l’on peut prétexter, mais surtout pour ce que cette mort aurait impliqué pour la Mauritanie. Imaginons un moment que le pire était arrivé. Le pire étant la mort du Président. Quel que soit par ailleurs le responsable de cette mort ou le mobile de l’acte, le pays serait plongé aujourd’hui dans l’inconnu.
Si j’en parle, c’est bien pour interpeller ce qui reste des consciences nationales afin de les amener à prendre sérieusement en compte la fragilité de cette entité qu’est la Mauritanie.
Nous avons encore en tête les images de juin 2003, le sac de certains édifices publics, la désertion des prisonniers, la fuite des hommes d’affaires et des dignitaires du régime de Nouakchott, la peur d’une population désemparée, celle d’une classe politique tétanisée et incapable de réaction.
Il y a eu certes des coups d’Etat chez nous, toutes sortes de coups (la nuit, le matin, l’après-midi…), mais jamais, à part celui du 8 juin 2003 cela n’a entrainé mort d’homme. Et les morts de ce jour-là, nous avons accepté, implicitement, de les inscrire dans la rubrique «pertes et profits», la plupart des responsables ayant aujourd’hui pignon sur rue (et notoriété).
Chez nous, l’assassinat politique relève du domaine de la légende. Certains continuent de croire que l’Emir Mohamed Fall Ould Oumeir, que Sidi Mohamed Ould Soumeyda, que le colonel Ahmed Ould Bouceif et ses compagnons, que le commandant Jiddou Ould Saleck, que même Ahmed Ould Minnih et Pr Mohamed Ould Ahmed Aicha… que tous ceux-là ont été victimes d’un complot (sabotage, empoisonnement…). Cela reste cependant du domaine des allégations. Jamais, depuis le temps des Emirats, il n’y a eu un assassinat politique sur cette terre. Et si la dévolution du pouvoir a toujours été par voie de coup d’Etat, elle est restée sans violence.
Ceux qui veulent accréditer l’idée d’une opération visant le Président de la République doivent se reprendre et saisir les conséquences de leur propagande.
Remercions Allah de nous avoir préservés du pire et reconnaissons qu’il n’y avait aucun intérêt à cacher la vérité si elle était autre que celle donnée officiellement. C’est d’ailleurs ici le lieu de souligner la rapidité avec laquelle le ministère de la communication a réagi. Une première aussi dans ce pays où l’on a appris à cacher tout, le temps de laisser s’installer le doute et la peur.
Tout le monde savait que le Président de la République passait ses heures de repos en plein désert, au nord de Nouakchott. Tout le monde savait qu’il se déplaçait seul, sinon «légèrement» accompagné, même dans les rues de la capitale où il a pris l’habitude de circuler de nuit comme de jour. Mais ce que nous ignorions c’est qu’il y avait des patrouilles de l’Armée dans ces zones-là. En fait, la présence, la semaine dernière, de dizaines d’intervenants miniers américains, australiens et européens à Nouakchott et le passage du rallye «légende des héros» expliquent largement les derniers renforcements de la sécurité autour de la ville de Nouakchott plusieurs fois menacée par AQMI. Cette patrouille mise en cause dans le tir accidentel pourrait faire partie de ce déploiement.
N.B: Le Président a été blessé au niveau du côté (bas, shaakla), aucun organe vital n'a été touché. Il a subi une opération réussie à l'Hôpital militaire et a été évacué pour des soins complémentaires.