lundi 20 août 2012

La pluie, le beau temps ?


On prête à feu Hassan II l’affirmation suivante : «A choisir entre un bulletin météo et un rapport de police, je privilégie le premier. Il peut être annonciateur de tensions». Pour le politique visionnaire qu’il fut, cette sentence doit valoir sous tous les régimes des pays comme les nôtres, ceux qui dépendent encore de la clémence d’un ciel souvent avare. C’est encore plus vrai pour la Mauritanie où tout dépend de la pluie.
La bonne humeur des gens, l’espoir de meilleures conditions, la bonne tenue du cheptel, les verts pâturages… tout cela participe à une atmosphère faite d’optimismes et d’indulgences. Les problèmes peuvent attendre, «les jours de sécheresse (de disette) étant plus nombreux».
Nous sommes dans la dernière dizaine d’août.
Si vous demandez à ceux qui ont 45 ans et plus, ils vous parleront déjà de «tawdji», une espèce d’automne local qui commence avec les vents chauds et qui finit par l’assèchement de la verdure, son «jaunissement». Les pluies d’août sont réputées pour leur inconstance, leur «caprice» : on dit que la pluie d’août mouille l’une des cornes de la vache sans toucher l’autre corne.
Pour un plus jeune, la saison des pluies ne prend que vers la fin de ce mois. Depuis des décennies, les temps ont changé, les prémisses annonciatrices de ces temps et des saisons ont aussi changé. Il y a eu comme un décalage qui nous fait dire que nous ne sommes qu’en début d’hivernage. Nos météorologues doivent penser à nous édifier là-dessus.
En attendant, peut-on espérer que notre encadrement national, que nos opérateurs politiques – la politique étant ici une entreprise plus qu’un hobby non lucratif -, que tous mettent à profit cet état de grâce fait d’espoirs après une année de sécheresse, pour accepter de se retrouver autour d’un minimum pouvant servir de tronc commun à un projet futur.
Nous allons devoir oublier les «dégage» et les «reste», pour changer de registre et faire de la politique. Faire en sorte de raffermir la démocratie, de faire avancer le projet d’Etat en le refondant, de réhabiliter les Institutions de la République, de renforcer le front intérieur par un minimum de cohésion nationale…
C’est possible et c’est à faire.