lundi 26 septembre 2011

L’enfer pour l’attaché culturel


-          «Je m’appelle M. O. S. et je veux m’inscrire en médecine…»
-          «Tu as quelle moyenne ?»
-          «10… mas attends je veux te passer M…»
-          Ce n’est pas la peine… c’est impossible pour deux raisons : la date limite de dépôt est largement dépassée, deuxièmement avec une moyenne comme celle-là on ne peut accéder à la faculté de médecine»
Mais le jeune insiste, finit par se retirer. Moins de deux minutes après le téléphone fixe sonne. C’est visiblement le haut responsable que le jeune voulait passer à l’attaché culturel de l’Ambassade de Mauritanie à Rabat…
«…Qui vous a dit que je pouvais tout faire ? Je ne peux rien pour ce genre de problème…» Les explications continuent. Après le bac, une commission mixte maroco-mauritanienne se tient, en général en juillet. Elle fixe les orientations selon les offres de la partie marocaine et les demandes de la partie mauritanienne. A ce niveau, ce sont les formations de pointe qui sont attribuées. C’est officiel et le P-V est signé à Nouakchott. Il fixe pour chaque boursier de l’Etat mauritanien l’orientation de la formation et le lieu de la formation. C’est le quota officiel.
Puis viennent les demandes spécifiques émanant soit de l’Ambassade du Maroc à Nouakchott qui reçoit les dossiers et les envoie avec mention «prioritaire» pour ceux qui le sont pour les diplomates basés à Nouakchott ; soit de l’Ambassade de Mauritanie à Rabat qui se contente de transmettre toutes les demandes reçues dans les délais. Tous ces dossiers sont envoyés à l’Agence marocaine pour la coopération internationale (AMCI) qui sélectionne à son niveau selon les possibilités qui lui sont offertes. Elle envoie ensuite tous les sélectionnés au ministère de l’enseignement supérieur pour avoir des places. C’est en fonction des disponibilités que les places sont accordées. En général, toutes les demandes mauritaniennes – ou la plupart sont satisfaites. A eux deux, les quotas peuvent atteindre et même dépasser les huit cents étudiants (premier cycle et master) par an.
Aujourd’hui le conseiller culturel mauritanien gère deux mille étudiants répartis dans les universités du Royaume. La période allant de septembre à janvier est un enfer pour lui. Tous les Mauritaniens semblent vouloir s’inscrire. Personne ne comprend le circuit et tous veulent passer outre les procédures, chacun voulant avoir un traitement spécial. Derrière chacun se profile l’ombre d’un responsable qui ne veut pas être débouté. Par la force des choses, c’est le conseiller culturel qui doit subir les arrogances de ceux-là.
Et pendant qu’il se démène pour trouver des solutions à ce flot sans cesse croissant, il doit faire face aux pressions qui diluent son énergie et l’empêche de se concentrer sur son travail.